
SOUTENANCE
Hervé Tiwa a proposé des solutions innovantes pour améliorer le bien-être des journalistes et la qualité du journalisme.
Triptyque pour une presse
Comme observateur du fait social, acteur au cœur de l’univers des médias, le Dr Tiwa a identifié ces maux qui minent la sphère des médias. Face à ces derniers, il oppose des réponses. Dans sa thèse de 370 pages subdivisés en 2 parties reparties en 6 chapitres, il suggère trois pistes porteuses des germes d’un journalisme débarrassé de ses pesanteurs on ne peut plus dégradantes.
Primo
Il faut que « les managers de presse aillent à l’école du management » parce que dans le travail pour avoir interrogé certains d’entre eux, ils ont reconnu qu’« il n’y’a pas une école de management de média » pour les accompagner. Le constat est que les l’univers des médias en payent les frais ; donc on peut « comprendre les crises de management », on peut « comprendre le management de la débrouillardise ». Il faut donc oser, « au-delà de relever ces défis, en finir avec » dit-il. Il finit en invitant les personnes à la tête des médias à aller l’école du management.
Secundo
Contre toute attente, sans salaire régulier, les journalistes pour la plupart ne veulent pas toujours dénoncer les abus dont ils sont victimes. Hervé Tiwa, dans son étude, démontre que les journalistes sont dans une certaine mesure responsables de leur précarisation. Sur la base des données qu’il a obtenues sur le terrain, il souligne que « les journalistes doivent arrêter justement d’avoir peur de s’exprimer. Ils doivent collectivement dans les organisations syndicales, revendiquer leurs droits … un journaliste avant tout, c’est un travailleur qui a l’obligation d’avoir un salaire à la fin du mois pour nourrir sa famille ».
Tertio
L’Etat, le ministère de tutelle, les décideurs eux aussi ont leur partition à jouer. Pour l’heure, c’est le grand silence. Ces derniers ne sont pas de nature à rehausser l’image des journalistes. Hervé Tiwa, suggère que « l’Etat essaye de matérialiser les intentions déclarées ». Pour lui, « il y’a beaucoup de bonnes intentions en faveur du développement de la presse au Cameroun. » Toutefois, paradoxalement, il apparait que « l’action sur le terrain est quelque peu filtrée ». En effectuant une implémentation de toutes les solutions proposées, la précarisation des journalistes laissera la place à plus de dignité.
Au cas contraire, gardons à l’esprit qu’« on ne peut pas avoir un statut honorable si les journalistes sont précarisés, s’ils ont faim ». Au-delà du fait qu’on ne peut pas pratiquer un métier quand on a faim. Il convient de signaler que selon les dires d’Hervé Tiwa, « chaque journaliste aujourd’hui à son opérateur politique, a son opérateur économique qui l’alimente, conséquence, on a des journaux appellés les journaux whatsapp, pour faire allusion à ces personnes qui produisent des Unes qui sont diffusées sur whatsapp pour peut-être lyncher un tel. »

L’information est un produit.
Autant qu’une voiture, l’information est un produit. En conséquence de cela, « on doit faire attention à sa fabrication » a indiqué Hervé Tiwa. Pour lui, lorsque le produit est mal fabriqué, « il ne sera pas vendu ; si le produit est mal fabriqué, il n’intéressera personne sur le marché. C’est l’une des raisons pour lesquelles le marché de la presse au Cameroun n’est pas attractif. » Comment faire pour rentabiliser cela ? Il répond à cette question à partir de la règle des quatre « P » qui est très connu en marketing. Parlant des quatre « P », il fait allusion au « Produit », à son « Prix », à sa « Place » sur le marché et à sa « Promotion ».
Concernant le premier P qui est mis pour le produit, il souligne que si « on a un produit mal fabriqué, on n’aura pas des résultats de qualité ». Il ajoute avec une conviction profonde que « si la qualité n’est pas en place, je pense que le Produit, qui est le journal, même à 200F, on ne l’achètera pas. Je crois que c’est le cas du paysage médiatique au Cameroun ou la qualité de la presse laisse à désirer. ».
Pas de site Web
Hervé Tiwa fait savoir que « Le Messager, La Nouvelle Expression, Mutations, ces journaux n’ont même pas de site web, ils ont des plateformes qu’on pourrait qualifier de cadavérique. Des plateformes qui ne vivent pas, qui ne sont pas, où on place de temps en temps des unes ».
Selon ses travaux, voilà parmi tant d’autres, les raisons qui justifient le fait que les médias prospèrent très peu. Il faut le dire, en dépit de tout, le changement est possible. Il faut juste embrasser les pratiques et approches adéquates et durables.
Hervé Tiwa, Ph.D, pour ce qui le concerne est le fondateur et le Directeur exécutif de Med.IA Lab Association, où il se spécialise dans la transformation digitale. Enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, il forme depuis 2017 des étudiants en journalisme et communication digitale à l’Institut Supérieur de Traduction, d’Interprétation et de Communication de Yaoundé. En tant qu’enseignant associé à Digital College, il dispense des cours sur des sujets variés tels que les réseaux sociaux, l’e-réputation et l’influence sur YouTube. Passionné par l’innovation digitale, Hervé Tiwa s’engage à préparer les nouvelles générations aux défis du monde numérique.
TADUM TADUM WILLIAM