avril 20, 2025
SE, MK
On a coutume de dire « que nulle n’est prophète chez soi », certes. Mais quand un pays sérieux a produit un Eto’o ou un Kamto, il devrait en être fier et les protéger.

Samuel Eto’o
Lorsque son nom apparait le 12 mars 2023 au Caire, lors de l’assemblée générale de la Confédération africaine de football au cours de laquelle devraient être élus le président de la Caf et les membres du Comité exécutif, la salle est en haleine. L’écran géant s’ouvre, le nom et le visage de Samuel Eto’o apparaissent. La salle l’ovationne. Il était seul candidat de la région Afrique centrale au poste de membre du Comité exécutif. Le président de la Fécafoot est ainsi élu par acclamation.

Samuel Eto’o était parvenu là à franchir tous les obstacles qui jonchaient son parcours, pour qu’il ne parvienne pas à cette élection. Au Cameroun d’abord et surtout. Ses rapports avec Mouellé Kombi, le ministre des Sports sont exécrables. Le climat pourri qui en sort n’est pas mal vu par la présidence de la République, lieu où on exalte les recettes de Machiavel, surtout dans son principe de « diviser pour mieux régner ». Marc Brys, le sélectionneur belge des Lions indomptables, recruté par le ministre, offre au président de la Fécafoot un mépris mélangé de condescendance.

A la Caf, Samuel Eto’o ne marchait pas sur du velours, loin de là : le jury disciplinaire de la Confédération africaine de football l’avait condamné au motif de « manquement à l’éthique », pour avoir signé un contrat avec une entreprise de paris sportifs, en plein mandat à la tête de la Fécafoot. Il a finalement remporté ce match contre la Caf. Au Cameroun, les jaloux se mordent les doigts de le voir si haut.


Maurice Kamto
Le 11 février 2025, c’était la « semaine de la jeunesse » au Cameroun. Les principaux leaders politiques, comme d’habitude, ils avaient adressé leurs messages traditionnels à la jeunesse par voie de radio ou de la télévision. Le Pr Maurice Kamto, le président du Mrc lui, avait accepté ce jour-là une invitation de l’humoriste Valery Ndongo. La rencontre a lieu en soirée dans la salle des spectacles des comédiens, située au quartier Etoa-Meki, aux encablures de l’Université protestante d’Afrique centrale à Yaoundé.

Les échanges avec les jeunes sont ouverts et segmentés. L’invité Kamto répond sans détours et sans langue de bois aux questions des jeunes de tous les horizons géographiques, sociologiques et culturels. Deux heures passent, on ne s’en rend pas compte. Les jeunes en redemandent, mais il faut tout de même arrêter. La Toile s’enflamme : plusieurs millions de personnes ont suivi cette autre forme de communication politique, maitrisée par l’invité.

Cette communication a touché ses cibles, Lundi 03 mars 2025, alors que Mounouna Foutsou, le ministre camerounais de la Jeunesse est en mission à Bruxelles en Belgique, il est violemment attaqué et enfariné par des opposants camerounais regroupés au sein d’un mouvement appelé « Brigade anti-sardinard » (Bas). Du coup, au Cameroun, Maurice Kamto devient la cible d’une campagne de diabolisation. Il est accusé d’être de mèche avec la Bas. Ses démentis sont brouillés par d’autres accusations de tribalisme sans preuves. Il est quotidiennement affublé de toutes sortes d’insultes et de calomnies. Une dizaine de tabloïds aux contenus insipides, sont conviés au lynchage.

Maurice Kamto est la plus grande victime de violence et du discours de haine tribale dans notre pays, sans qu’aucune autorité ne condamne ces comportements contraires aux lois du Cameroun. On a coutume de dire « que nulle n’est prophète chez soi », certes. Mais quand un pays sérieux a produit un Eto’o ou un Kamto, il devrait en être fier et les protéger. Pendant que ces deux là sont adulés dans le monde entier, au Cameroun, le politique s’organise pour les ridiculiser. On applique sur eux la « logique du jardinier », expression créée par le professeur Hubert Mono Ndzana : il faut niveler tout le monde vers le bas. C’est dans cette logique que le politique a mal de voir Maurice Kamto et Samuel Eto’o briller, jusqu’aux confins du monde.

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