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POLITIQUE
Ce processus, courant dans des démocraties, n’a pas été appliqué à Anicet Ekanè. Ce que nous avons appris des membres de sa famille est que, dans la nuit du 24 octobre 2025, des éléments de la gendarmerie du Littoral à Douala, non munis de convocation ni de mandat d’emmener, ont débarqué nuitamment à son domicile, devant sa femme et ses enfants, ils l’ont enlevé sans ménagement. Ils l’ont jeté dans un véhicule militaire et ils sont repartis après avoir fouillé sa maison. C’est la Gestapo qui utilisait ces méthodes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Anicet Ekanè souffrait des problèmes respiratoires. Les gendarmes ne lui avaient pas laissé le temps de prendre son nécessaire médical dont il était devenu dépendant. La suite, Anicet Ekanè a eu un violent malaise devant les juges du tribunal militaire de Yaoundé. Il ne s’en remettra jamais, vint le trépas, dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2025. Voilà ce que l’histoire retiendra des derniers moments sur terre de cet homme politique.

Les autorités camerounaises ressassent en toute circonstance que leur pays » est une démocratie et un pays des droits de l’homme « . C’est flatteur, c’est moderne de s’arroger ces épithètes. Elles sont des grandes qualités érigées même en vertus pour la gouvernance. Ce qui est choquant, c’est d’affirmer qu’on est ce qu’on n’est pas dans la réalité: le Cameroun est tout, sauf une démocratie, et encore moins un pays où les droits de l’homme sont appliqués. L’interpellation d’Anicet Ekanè , la nature de sa détention jusqu’à son décès sont des illustrations qui justifient que le Cameroun est aux antipodes de ce que les gouvernants affirment qu’il est.
On pourrait encore restreindre les libertés individuelles proclamées pourtant dans la constitution. Mais, empêcher à une personne dépendante la possibilité d’accéder à ses soins de santé, c’est imposer à cette personne la manière de mourir. C’est ce qui a été fait à Ekanè.
Toute personne est libre de ses choix politique, confessionnel, professionnel ou associatif. Ces options individuelles ne devraient pas constituer des affrontements en tranchées, encore moins, être des obstacles au devoir d’humanisme. Quand on cesse d’être humain, on n’est plus loin de la bête.
Quelqu’un a dit au lendemain de l’interpellation d’Ekanè: « Nous lui reprochons d’avoir aidé quelqu’un qui allait nous combattre… ». Où est l’infraction commise par Ekanè, si le Cameroun est, comme les gouvernants le proclament, une « démocratie et un État des droits ?
