Les Allemands avaient pendu le même jour et à la même heure à Ebolowa, un autre opposé à la colonisation, Paul Martin Samba. En 1958, Um Nyobé tombe sous les balles des colons français, en 1961, ce fut le tour de Félix Roland Moumié de mourir empoisonné à Genève par les services secrets français. Les deux réclamaient la liberté de notre pays.
Toutes ces personnes n’étaient pas des bandits. Elles ont eu le courage de dénoncer la colonisation et ses affres sur les populations camerounaises et le pillage des biens du pays. En le faisant, elles ont payé de leur vie, pour le pays.
Un pays doit avoir ses héros, ses références, ses repères et ses modèles. En les respectant, en immortalisant les hommes et les lieux symboliques, on donne aux générations présentes et à venir, des modèles et des guides. C’est de cette manière que se construisent une conscience et une fierté nationales.
Rudolf Duala Manga Bell avait tout pour mener une vie solitaire et paisible. Mais il avait choisi de se soucier de son pays et de ses compatriotes. Ce nationalisme précoce n’était pas du goût des colons, ils l’avaient éliminé. C’est un martyr national.
Le temps est passé. 120 ans après, les Allemands pour qui l’histoire a un sens et une importance, ont fouillé leurs archives coloniales. Ils ont prêté une oreille attentive aux revendications de la famille de Manga Bell. Ils ont honoré la mémoire de notre compatriote, en baptisant de son nom une place, à côté de l’école de son enfance et à proximité du palais de justice, quel symbole !
Les Allemands donnent à nos dirigeants une bonne leçon du devoir de mémoire. Ils nous apprennent le sens de l’humilité. À nous de retenir cette leçon. Le mort ne fait plus peur. Si nous respectons nos morts et honorons nos héros, nous deviendrons alors grands, et même très grands.