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décembre 1, 2024
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Le Cameroun doit désormais poursuivre la diffusion des émissions, mais sous quel nom ? La marque Africa24 n’est pas juridiquement liée au diffuseur qu’il a acquis. Pour ne pas arrêter le signal de diffusion, le Cameroun doit louer la marque Africa24… à Constant Nemalé ! C’est bien ficelé !

Des sanctions

Cette dernière écope cependant de deux violentes sanctions à lui infligées par le Tribunal de commerce de Nanterre : la première lui interdit de gérer ni de près, ni de loin Africa24 pendant deux ans. La seconde lui interdit aussi de gérer une entreprise en France pendant plusieurs années. Voilà le promoteur d’Africa24 sans boulot sur sa terre d’accueil. Il a fait son calcul : passées les deux années d’éviction loin de « sa chaîne », il pourra récupérer son joyau et s’installer dans un autre pays outre que la France ; le Cameroun lui ouvre ses bras.

Constant Nemalé sait qu’il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans un même panier. Il crée Ana24 pour travailler avec le Cameroun. Son challenge est de pouvoir sauver Ana24. Là aussi, la gestion de ce nouveau-né est des plus calamiteuses. Il a réussi un coup de maitre en faisant racheter son groupe par le Cameroun. Il a convaincu le repreneur de lui donner l’exclusivité des contenus à diffuser sur le continent, contre une rémunération annuelle non déclarée. A Media sera donc interdite de payer des contenus sur l’Afrique, autres que ceux produits par Ana24. L’État du Cameroun est propriétaire d’AMedia, mais celui-ci sera entièrement dépendant d’Ana24, propriété exclusive de Constant Nemalé. Encore bien joué ! Cela s’appelle : être futé en affaire. Sur ce plan, Constant Nemalé n’est pas un bleu.

Redressement fiscal

La régie publicitaire de la chaîne est externalisée à travers deux sociétés toutes appartenant à Constant Nemalé. Il s’agit de : Etnium International Sarl. Elle estbasée à Dubaï. Elle collecte des publicités sur le continent africain. Etnium Sarl elle, de droit français, s’occupe des annonceurs sur le continent européen. Ces deux régies sont gérées par Josiane Nemalé. Elles prélèvent 30% de la manne publicitaire engrangée et diffusée sur Afrca24. Les autres 70% sont gérés par le patron de la chaîne.

En 2015, le fisc français mène un contrôle dans les livres comptables d’Etnum Sarl. Les de contrôle contestent les commissions encaissées et déclarées par l’entreprise. Il est infligé à Etnum Sarl un redressement fiscal de 656 million de francs Cfa. Constant Nemale réagi : « Le fisc a contesté certaines ventes réalisées par la régie Etnium International. La filiale française a contesté de son côté ce redressement ».

La chaîne reste cependant très dépendante des fonds versés par Yaoundé et Malabo. En 2017, les deux capitales au niveau de leur présidence respective ont rapporté à Africa24 19.680 milliards de francs Cfa en publicité institutionnelle. Ce montant représente à peu près la moitié des recettes annuelles d’Etnium Sarl, la filiale française. Le plan d’affaire présenté par le Cameroun et accepté par le Tribunal de commerce de Nanterre, prévoit de faire passer les recettes publicitaires provenant des annonceurs privés sur la chaine à 1.312 milliard de francs Cfa par an, sur la période comprise entre 2019 à 2022, voire 2023. Le Cabinet civil du Cameroun n’aurait pas de difficultés à atteindre ces objectifs ; il lui suffit de mobiliser les entreprises du portefeuille de l’Etat et quelques ministères stratégiques pour que la cagnotte soit pleine.

26.240 milliards Cfa

Samuel Mvondo Ayolo, le directeur du Cabinet civil pilote le dossier Africa24 pour une période exploratoire de 2 ans. Du coût final du business, sauf 3 personnes en détiennent le secret comme la clé d’une bombe atomique, il s’agit de Samuel Mvondo Ayolo, d’Oswald Baboké (son adjoint) et de Constant Nemalé. Cependant, au vue des sommes avancées par l’Etat du Cameroun depuis 2010, montants confirmés par le Tribunal de commerce de Nanterre et rendus publics par le journal français « Capital », spécialisé sur des sujets économiques, dans sa livraison du 06 décembre 2022, il en ressort que  la présidence de la République du Cameroun  a versé à Africa24 jusqu’à cette période, sous différentes formes et à plusieurs étapes, la somme de 26.240 milliards de francs Cfa. Yaoundé se serait engagé à intervenir encore sur un montant au moins égal au premier, sur les deux prochaines années, indique un jugement du Tribunal de commerce de Nanterre.

Afin d’exécuter le plan qui pourrait amener la chaîne à être rentable au plan financier, Samuel Mvondo Ayolo suggère à Constant Nemalé de lui proposer une personne capable de conduire le redressement de la chaine. C’est une aubaine pour le fondateur d’Africa24. Il a sous la main Mylène Innocent, la fidèle. Elle travaille déjà dans la boite depuis longtemps. Elle la connait jusqu’aux recoins.  Constant Nemalé pourrait continuer de diriger la maison par procuration. Malheureusement pour lui, ce choix n’est pas du goût d’Etoudi qui préfère une personne distante et moins typée.  Le cabinet « Financial Afrik » basé en France est sollicité pour trouver le messie qui sortirait la chaîne panafricaine des eaux mouvementées. Jean Brun, un Français au profil inconstant est recruté. Il est, à son recrutement, affublé du titre de Président délégué d’Africa24. En juin 2021, Jean Brun est reçu discrètement au Cabinet civil. Les repreneurs de la chaîne lui demandent de dérouler sa feuille de route pour une période de 2 ans éventuellement reconductibles. Jean Brun n’aura pas accompli entièrement sa période de probation que, moins de 5 ans après le rachat de la chaîne par l’Etat du Cameroun, le 4 juin dernier, Afrca24 est de nouveau devant le tribunal de commerce. Endettée, la chaîne est menacée par une procédure judiciaire. Pendant ce temps, les milliards de francs ont coulé, ils vont probablement encore couler… pour l’image du Cameroun.

Malgré cette sanction judiciaire, Africa24 émet toujours sur le bouquet de Canal, où la chaîne a d’ailleurs enrichi son offre avec trois chaînes supplémentaires : Africa24 Infinity, Africa24 Sports, Africa24 English. Probablement, l’entreprise aurait interjeté un appel à la décision du tribunal de Nanterre. Avant la décision définitive, la sanction est suspensive.

*Cette enquête actualisée, avait été initialement prévue paraitre dans le No 13 en février 2022 de votre journal. Nous ne l’avons pas publiée en ce temps-là, afin de ne pas perturber les négociations en cours entre le Cabinet civil et la direction d’« Africa24 ». Vue l’évolution de la situation, rien n’empêche aujourd’hui que vous soyez au courant de ce rodéo.

X.M

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