Lancement de l'application BankCompar
BANQUE ET FINANCES
Décryptage
De la frustration des usagers à l’écoute des clients des établissements bancaires et de microfinance, un constat s’impose : la relation entre les usagers et leurs banques est souvent tumultueuse. Les plaintes fusent, notamment concernant des prélèvements inattendus. Dans certaines agences, les récriminations adressées aux gestionnaires, aux services clients ou aux chefs d’agence en témoignent.
Abdoul Karim, de son nom d’emprunt en fait partie. Croyant nous appartenir à la banque, il s’est approché, exaspéré : « Monsieur, j’ai un problème avec mon compte courant, je suis étudiant. On me prélève une somme de 1500 F ou un peu plus chaque mois. Je ne sais pas pourquoi ? Et voilà que maintenant mon compte est déjà vidé, ils continuent de couper. » Visiblement en colère, il se sentait lésé, estimant ne pas avoir été correctement informé. Après avoir été redirigé vers le service concerné, il est parti, le visage marqué par l’émotion, une veine saillante barrant son front, jurant de « fermer ce compte bancaire ».
Malgré l’importance des services bancaires, nombreux sont ceux qui subissent ces désagréments. Nana Steve (pseudonyme), responsable de projet dans une entreprise de Douala, en est un exemple. Épuisé par les « prélèvements arbitraires sur mon compte bancaire », il confie : « J’ai été prélevé plus d’une fois en un mois. » Les motifs de ces débits lui échappent : « Un proche m’a conseillé de réclamer la fiche remplie le jour de la création du compte. Ce jour-là, j’avais dit que je ne veux aucun produit. » Pire encore, il a remarqué une corrélation troublante : « Lorsque le salaire augmente, les prélèvements grimpent aussi. » Résigné, il avoue : « Ces banques nous volaient énormément. J’ai choisi de conserver mon compte parce que j’ai un bon salaire. » Récemment, il a découvert, presque par hasard, l’origine d’un de ces prélèvements : « On m’a fait savoir que je suis prélevé pour la carte. Ce que j’ignorais bien sûr. »
Les banquiers sont optimistes
Dans le milieu bancaire, l’arrivée de BankCompar suscite des réactions contrastées. Si certains ignorent encore son existence, d’autres y voient une avancée majeure. Les professionnels du secteur abordent les frustrations des clients avec nuance, semblant parfois minimiser la responsabilité des établissements financiers dans le manque d’information.
Njikam Jefferson, employé d’une banque à Yaoundé, se montre enthousiaste : « Je trouve que le lancement de BankCompar est une avancée significative pour le secteur bancaire camerounais. » Tout en soulignant que « des comparateurs en Europe, il en existe une pléthore », il reconnaît que « les clients manquent d’informations claires sur les offres et les tarifs bancaires ». Pour lui, « cet outil va démocratiser l’accès à l’information financière, renforcer la transparence entre établissements et, surtout, stimuler une saine concurrence. » Il ajoute, convaincu : « Cela pourrait également pousser les banques à repenser leur grille tarifaire et à être plus pédagogiques vis-à-vis de leurs clients. » Son soutien à BankCompar ne s’arrête pas là. Il salue particulièrement « l’intégration d’un module d’éducation financière avec « Moyo » », qu’il qualifie d’« initiative louable ». Le regard rêveur, il conclut : « J’attends avec intérêt l’extension annoncée au secteur de la microfinance. Car là aussi l’information semble parfois être un secret pourtant c’est de leur devoir d’annoncer les tarifs au grand public. »
En rappel
Le Comité National Économique et Financier (CNEF) a lancé officiellement BankCompar le 20 juin 2025 à Yaoundé. Cette plateforme innovante, disponible en version web et mobile, vise à éclairer les usagers du système bancaire camerounais. Elle intègre un module d’éducation financière incarné par « Moyo », un personnage destiné à devenir familier au public. Dès 2026, BankCompar s’étendra au secteur de la microfinance. Actuellement, l’application permet de comparer « 17 services bancaires différents » et recense les « 22 services bancaires gratuits obligatoires ».
Bien que téléchargeable sur Play Store, son déploiement sur l’Apple Store est encore en attente. Yaouba Abdoulaye, Ministre délégué auprès du Ministre des Finances, a souligné que BankCompar « s’inscrit parfaitement dans la stratégie nationale de développement 2020-2030, visant à faire du Cameroun une plaque financière de premier rang, capable de soutenir l’industrialisation et la transformation structurelle de l’économie nationale », a affirmé le ministre.
WILLIAM TADUM TADUM