AFFAIRE MARTINEZ ZOGO
A l’exception de la mort de Mgr Jean-Marie-Benoît Bala où le Vatican fit quelques molles protestations éphémères, celle de Martinez Zogo, acte perpétré avec les moyens de l’Etat le 17 janvier 2023, a placé le Cameroun au sommet d’une funeste médiatisation planétaire.
Seul l’assassinat John Kennedy le président des États-Unis en 1963, et celui du journaliste saoudien Jamal Khashoggi ont approché en ampleur, la médiatisation de la mort de Martinez Zogo. Jamal Khashoggi avait payé de sa plume, ses critiques à l’endroit du pouvoir de la famille royale. Il fut séquestré, torturé, assassiné au consulat d’Arabie Saoudite en Turquie le 2 octobre 2018. Il fut découpé en morceaux par des forces spéciales saoudiennes, et les restes transportés hors du consulat en direction d’un autre pays. Le cas Zogo n’est pas si éloigné en bestialité de celui de Jamal Khashoggi.
Martinez Zogo a battu les records de médiatisation : l’Europe, l’Amérique du nord et du sud, l’Asie, le Moyen-Orient, l’Australie, les médias les plus influents de ces zones ont zoomé sur le Cameroun : Le Monde, The Washington Post, Ouest France, The Times etc., ont consacré plusieurs fois la première page de leur publication à la mort de Martinez Zogo. Rfi, Rai, TV5, France24, Bbc tv, Cnn aussi. Un écrivain français de grande renommée a eu ce commentaire lors d’une conférence à Paris le 13 mai dernier : «Le Cameroun n’était déjà pas connu comme une démocratie. Il faut désormais ajouter à sa minable réputation, celle de pays des tueurs et de la peur !» Ce n’est pas flatteur !
Il fallait s’y attendre : dans le classement 2023 de « Reporter sans frontières » sur la liberté de la presse, le pays a perdu 20 points. Il s’est dégringolé de la 118ème place acquise au classement de 2022, pour occuper le 138ème rang sur 180 pays observés dans le monde par Rsf.
Les conséquences de cette situation sont multiples : le Cameroun n’est plus une destination recommandable aux investisseurs ; il n’est plus sollicité par les organisations internationales. Ses ressortissants sont regardés en coin dans les aéroports et autres milieux publics internationaux. Le Cameroun était déjà discrédité pour son niveau élevé de dangerosité et autres maux tels que la corruption, la feymania ou la mal gouvernance. Il est aujourd’hui en chute libre dans le potentiel global d’estime. C’est à prendre au sérieux.
Cette situation ne devrait pas être prise comme une damnation. Il est urgent de faire quelque chose. Nous suggérons des actions en deux temps :
1- Il faut que justice soit rendue, sur l’affaire Martinez Zogo ; que les coupables soient punis à la hauteur de leur crime, et qu’un écho conséquent en soit fait.
2- Il faudrait ensuite concevoir une vaste opération de communication planétaire, afin de remédier à la perception que le monde a du Cameroun, en termes d’image.
Ces deux axes d’actions sont incontournables et impératifs. Il faudrait alors que, Paul Biya, le seul à faire bouger le gouvernail, daigne mettre en mouvement ces propositions. À défaut, le Cameroun portera pendant plusieurs décennies des stigmates de pays dangereux et infréquentable. Ce ne serait pas « le temps du président » qui effacerait ces stigmates, mais des actes forts et patriotiques.