ESPACE LIVRE
Grand reporter « Monde de L’Express, il décortique la mainmise de la France sur l’Afrique.
Plongés dans les coulisses des manœuvres discrètes des bourreaux déguisés en tombeurs, ils asphyxient le continent africain. Du marketing politique à la communication, en passant par la corruption, l’auteur dévoile les dessous d’un système opaque et sans scrupules. Un ouvrage fascinant et percutant, au style maîtrisé et à l’objectivité sans faille. Le livre présenté ici, rappelle la célèbre citation de Jean-Paul Sartre : « Dévoiler, c’est changer ! ».
Le livre de Vincent Hugueux braque les projecteurs sur les manœuvres discrètes menées dans les palais et chalets d’Afrique. Après traitement des données collectées, l’auteur présente les faits de manière objective, sans compromis. Le style est celui des grands maîtres du narratif, parfois sérieux, parfois sarcastique, avec un ton qui varie comme les saisons.
Vérités cachées
Métaphores, ironies, énumérations, gradations, oxymores, hyperboles se chevauchent pour dévoiler les dessous d’un système corrompu où la crédibilité se vend au plus offrant. Cette enquête vise à suspendre les suspens et révéler les vérités cachées.
Le livre aurait pu s’intituler « Les tribus de fossoyeurs au sourire fraternel », car l’Afrique continue d’avoir ses bourreaux déguisés en tombeurs qui l’asphyxient. Mal aimée et mal comprise, l’Afrique fait aveuglément confiance aux gourous de la communication, souvent des Occidentaux qui recherchent « l’argent facile, l’illusion du pouvoir et les honneurs qu’on leur refuse ailleurs ». Certains journalistes ou juristes ivres de pouvoir se font remarquer négativement, tandis que d’autres se vautrent dans la médiocrité. Ces escrocs pataugent dans les eaux troubles du sale boulot, répétant le refrain favori de la caste des maîtres chanteurs : « Si la crédibilité se mange, alors je vous souhaite bon appétit ».
Lire et relire
La concurrence est rude, et pour mieux séduire, les mages de l’image n’hésitent pas à élaborer des slogans du genre « L’Homme lion ». Refuser les perdiems, se dérober des rites et du culte des cadeaux, c’est piétiner une coutume ancestrale, mais aussi un moyen de se faire respecter. Si les âmes de « faussaires exilés » hantent l’Afrique, c’est parce que sous les tropiques, la fascination pour l’homme blanc perdure. L’idée d’africanisation des faiseurs de constitution, de slogan et d’images n’a pas d’avenir.
Cette enquête sur les faux amis français de l’Afrique, bien que risquée, se veut complète et objective. Fascinant et agréable à lire, ce type d’ouvrage se lit et se relit. Sa texture et son habillage disposent de tous les atouts pour une longévité assurée.
Il donne envie qu’on le lise, ce livre.