septembre 12, 2024

Recteur de l’université de Bertoua

Le professeur Dieudonné Emmanuel Pegnyemb a été installé le 24 juin 2024 à la tête de l’université de Bertoua. La plus jeune université d’Etat a été crée en janvier 2022 par décret du président de la République. Après avoir réorganisé avec succès pendant plusieurs années les circuits des examens nationaux des Bts et son équivalent anglophone Hnd, le Pr Pegnyemb a été appelé ailleurs afin d’y faire valoir ses talents de manager. La tâche est ardue, les défis sont différents. Si le rectorat de cette université est logé dans un bâtiment flambant neuf de deux niveaux, cette infrastructure est loin de refléter l’architecture qui devrait être un édifice robuste, stratifié des symboles classiques du savoir et de la science. Au ministère de l’Enseignement supérieur à Yaoundé, les autorités contactées disent que se ne sont que des « installations provisoires ». Un autochtone de Bertoua redoute que, « si des constructions des bâtiments dignes d’une université ne sont pas engagées maintenant, ces installations deviendraient du provisoire définitif ». A la veille de la prochaine rentrée universitaire, nous avons rencontré le nouveau recteur de cette université, pour parler avec lui de l’institution qu’il conduit désormais.

Le Calame

La jeune université de Bertoua fait face aux problèmes d’infrastructures, des personnels administratifs et d’enseignants. A la veille de la prochaine rentrée universitaire, où en êtes-vous avec ces problèmes ?

Pr Pegnyemb

Le problème que vous soulevez est une réalité dans toutes les Universités camerounaises, même les plus anciennes. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement de la République, à travers le Ministère de l’Enseignement Supérieur, consent d’énormes moyens pour y apporter des solutions adéquates. Ces moyens ont permis de doter les 09 campus de l’Université de Bertoua dont 06 dans la ville de Bertoua et trois repartis dans les villes de Batouri, Abong Mbang et Belabo, d’infrastructures provisoires modernes, entièrement équipées et adaptées à la formation des jeunes apprenants, et aux besoins des milieux socioprofessionnels.

De plus, l’Université de Bertoua est devenue aujourd’hui la seule Université publique au Cameroun qui a tous ses campus connectés au wifi haut débit. Nous sommes par conséquent heureux de constater que les étudiants et les habitants s’agglutinent autour de nos campus de jour comme de nuit pour bénéficier de cette importante initiative. A côté de cela, les premières infrastructures définitives de l’Université de Bertoua sont en cours de construction sur les sites de Ndoumbi et de Yadia. Elles devront être disponibles à partir de l’année prochaine. 

Quid des personnels ?

Pour ce qui est du personnel administratif, l’Université de Bertoua dispose d’un personnel administratif professionnel, dévoué à la tâche et qui place l’étudiant au centre de toutes les préoccupations. Il convient également de signaler que le Gouvernement de la République a permis à l’Université de Bertoua de se doter d’un personnel administratif dense, capable de faire face aux défis que cette jeune institution doit relever.

S’agissant du personnel enseignant, laissez-moi vous faire savoir que le ratio d’encadrement à l’Université de Bertoua est de 26,8 étudiants pour un enseignant, ce qui n’est pas très loin des standards internationaux à savoir 25 étudiants pour un enseignant. Cependant, il convient de souligner que, ce ratio pourrait rapidement basculer dans les années qui viennent, en raison du nombre croissant des étudiants attendus. A cet effet, le Gouvernement de la République a anticipé sur la question, en autorisant le recrutement de 50 assistants au profit de notre institution dans le cadre de la deuxième vague de recrutements de 150 nouveaux enseignants instruits par le Président de la République, chef de l’Etat, Son Excellence. Paul Biya. De plus, de nombreux enseignants des Universités publiques ont demandé et obtenu leurs mutations à l’Université de Bertoua.

Quels effectifs en termes d’étudiants attendez-vous pour la rentrée ?

Cette année nous espérons 12 mille étudiants, soit une augmentation de 2 mille par rapport à l’année écoulée.

L’Université de Bertoua, avec ses 4 Facultés et 4 grandes Ecoles, elle est établie sur 3 sites : Bertoua, Belabo et Abong-Mbang, et une antenne à Yaoundé. Comment se passe la coordination dans cette dissémination ?

Avant de répondre cette question, je tiens à apporter trois précisions suivantes :

Premièrement, comme je l’ai mentionné plus haut, l’Université de Bertoua dispose de 09 campus repartis sur 04 sites et non 03. Il y a 06 campus dans la ville de Bertoua, 03 sites repartis dans les villes de Belabo, où nous avons l’Institut supérieur d’Agriculture, du Bois, de l’Eau et de l’Environnement. A Abong-Mbang est logée l’Ecole Supérieure des Sciences de l’Urbanisme et du Tourisme et enfin à Batouri, se trouve l’Ecole Supérieure de Transformation des Mines et des Ressources Energétiques.

Troisièmement, ce maillage géographique de l’Université de Bertoua est une émanation de la volonté du président de la République, chef de l’Etat, Son excellence Paul Biya, de rapprocher au maximum les populations de l’institution. Avec cette approche, les étudiants ne sont plus obligés de parcourir des longues distances pour avoir une formation universitaire de qualité. Ceci étant dit, la coordination se passe plutôt bien, ce n’est pas le meilleur des mondes, mais nous trouvons toujours des mécanismes pour regarder dans la même direction afin d’offrir à nos étudiants un cadre propice pour leur formation. Nous usons des moyens modernes de communication que nous offrent les Tic, comme je vous ai dit, nos 09 campus sont connectés par un wifi haut débit.

En dehors de cela, nous tenons des réunions hebdomadaires de coordination qui permettent d’être au même niveau d’information et de prendre des décisions de manière collégiale et concertée pour le bien être de nos étudiants.

Vous venez de passer un accord avec l’Université Fédérale de la Valé de Sao Francisco du Brésil. Quel est le contenu de ce partenariat ? Comment justifier un tel choix, avec la distance et la barrière de la langue ?

Effectivement, après l’accord du Gouvernement à travers le Ministère de l’Enseignement Supérieur, l’Université de Bertoua a signé un mémorandum d’entente avec l’Université de la Valé de Sao Francisco au Brésil. C’est l’occasion ici pour moi, de remercier Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Enseignement Supérieur, Chancelier des Ordres Académiques, le Pr Jacques Fame Ndongo, qui a mis à notre disposition, tous les moyens nécessaires pour notre déplacement au Brésil. Je remercie aussi toutes les autorités brésiliennes ainsi que Monsieur l’Ambassadeur du Cameroun auprès de la République Fédérative du Brésil ; ils n’ont ménagé aucun effort afin de rendre notre séjour au Brésil agréable et faciliter la signature de ce mémorandum.

Cet accord passé entre l’Université de Bertoua et celle de la Valé de Sao Francisco est un partenariat d’amitié, de fraternité et d’assistance mutuelle. Il permettra notamment la mobilité académique des étudiants et des enseignants, la collaboration scientifique, technique et même culturelle. Cet accord ouvre des perspectives de complémentarité visant à apporter à nos étudiants, une formation de qualité à travers des programmes annuels d’échange scientifique et culturel, axés entre autres sur :

Les projets de recherche en collaboration. La mobilité des enseignants, des chercheurs, des étudiants, des personnels techniques et administratifs. Avec cet accord, la possibilité est offerte aux étudiants de l’Université de Bertoua d’aller poursuivre leurs études au Brésil et vice-versa, et aussi aux enseignants de notre institution, de bénéficier de l’expertise de l’Université de la Valé de Sao Francisco. D’ailleurs, une délégation de cette institution universitaire conduite par son Recteur est attendue à l’Université de Bertoua l’année prochaine. Les échanges d’informations et de matériaux bibliographiques, les programmes conjoints d’enseignement, des séminaires, des colloques, etc.

Après avoir déroulé le contenu de ce partenariat, vous convenez avec moi que le choix de cette Université n’est pas le fait du hasard car elle présente beaucoup de similitudes avec l’Université de Bertoua. Je vais mentionner ici les effectifs des étudiants qui sont quasiment les mêmes, environ 8 mille étudiants pour l’Université de la Valé de Sao Francisco et 10 mille environ pour l’Université de Bertoua. Je vais aussi évoquer les filières de formation de cette Université qui sont axées sur les domaines de l’agriculture, du tourisme et des minerais au même titre que l’Université de Bertoua. Vous comprenez donc que ce partenariat sera très bénéfique pour l’Université de Bertoua.

Vous avez aussi évoqué le problème de langue, bien sûr que ça ne saurait être un frein à notre partenariat car, il s’agit de deux institutions universitaires ; elles ont l’anglais en commun. En plus, à l’Université de Bertoua, notamment à la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, nous dispensons des formations trilingue, à savoir le portugais, le français et l’anglais, mais également le russe. Des options sont possibles pour le français – l’anglais, le chinois-français ; l’italien-français-anglais, entre autres.

Entre les services centraux que vous venez de quitter et Recteur d’une Université naissante que vous devenez, où est-ce que vous êtes plus à l’aise ?

Je ne sais pas s’il faut parler d’être plus à l’aise à un poste par rapport à un autre. Nous sommes des soldats de la nation appelés à servir partout où besoin sera. C’est vrai qu’il s’agit là d’une nouvelle responsabilité un peu au-dessus de l’ancienne ; et qui est pour moi une marque de reconnaissance de la très haute hiérarchie, par rapport au travail abattu. Nous allons tout mettre en œuvre pour continuer à mériter cette confiance.

Qu’est-ce que vous redoutez le plus dans vos nouvelles fonctions ?

Ce que je redoute le plus, c’est de ne pas être à la hauteur des attentes placées en moi par la très haute hiérarchie, et de ne pas apporter ma pierre à l’édifice dans cette quête d’excellence voulue à l’Université de Bertoua. Vous savez, nous avons des ambitions plus grandes que le monde et nous ne ménagerons aucun effort pour faire de ces ambitions, une réalité, afin que l’Université de Bertoua soit une référence nationale et même internationale dans l’Enseignement supérieur.

Que symbolise l’arbre qui est sur le logo de l’Université de Bertoua ?

Cet arbre symbolise la forêt dense, élément principal de la Région de l’Est qui regorge les diverses essences forestières de cette région. Dans la forêt, il y a le bois, les terres arables pour l’agriculture ; il y a les minerais et il y a le tourisme, tous ces symboles de nos grandes écoles.

Permettez-moi aussi d’évoquer un autre élément sur ce logo : le soleil. Il est le gage incontestable d’espoir et de développement de la Région de l’Est. Le soleil qui se lève dans la forêt profonde. Si le soleil qui illumine ce pays se lève à l’Est, comment l’Est fait pour ne pas être éclairée ? Justement, l’Université de Bertoua est là pour que ce soleil de développement se lève et brille dans la Région de l’Est, et dans tout le Cameroun entier.

PROPOS RECUEILLIS PAR XAVIER MESSE

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