LE Pr JOSEPH-MARIE BIPOUN-WOUM
Dans la grande salle des cérémonies du Palais des Congrès de Yaoundé, est posé un cercueil recouvert du drapeau national du Cameroun; c’est celui du professeur émérite, Joseph-Marie Bipoun-Woum. La salle a fait le plein d’œuf. Le professeur Jacques Fame Ndongo, le ministre d’État en charge de l’Enseignement supérieur est là. Avec lui, une marée de toges rouges arborées par les enseignants des universités camerounaises; ils sont là pour rendre un dernier hommage à celui qui a formé beaucoup d’entre eux, à cet ancien doyen de la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’université de Yaoundé aux qualités et compétences immenses.
« Affable et rigoureux«
Au pupitre, des éminences grises se succèdent pour témoigner la gratitude de l’enseignement supérieur à cet érudit. Le ballet des prises de parole est ouvert par le professeur Alain Ondoua, doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’université de Yaoundé II-Soa. Il présente le défunt comme un « orfèvre du droit public ». Il rappelle que le défunt fût un des « rares universitaires à avoir vécu la naissance de l’enseignement supérieur au Cameroun ». Il salue la carrière du prof, » enseignant affable et rigoureux, mais aussi juriste pointilleux, qui a embrassé le système universitaire camerounais en mars 1967″.
« Juriste de l’infini »
Dans sa prise de parole, le professeur Adolphe Minkoa Shé, recteur de l’université de Yaoundé II Soa évoque le souvenir d’un « homme de science qui a marqué l’histoire de notre temps et a fait l’histoire de l’Université camerounaise ». Il a ensuite qualifié le défunt de » Juriste de l’infini, qui a appris, enseigné et appliqué le droit tout au long de son parcours ».
Dans le même ordre d’idée, le professeur Magloire Ondoa, recteur de l’université de Douala et disciple du défunt, procédant aux hommages académiques, a martelé le caractère immortel du professeur. « Le professeur Joseph-Marie Bidoung-Wouk est vivant, car il est présent dans l’esprit de tous les juristes d’Afrique », déclarait-il. Il a ajouté que le doyen émérite est une lumière de la science, puisqu’il a enseigné les étudiants, mais aussi l’Université, qu’il a illuminée durant toute sa carrière. C’était aussi un orateur qui parlait sans document mais avec une cohérence indescriptible. Selon le prof Ondoa, son « illustre devancier était doté d’une mémoire vive et d’une intelligence éblouissante ».
« Érudit du droit »
Dans son discours de circonstance, le professeur Jacques Fame Ndongo, Chancelier des Ordres académiques a salué la mémoire de « cet érudit du droit, qui a su raison garder ». Selon lui, « le professeur Bipoun-Woum a sacralisé le droit avec méthode et rigueur. Il a également irrigué le système universitaire camerounais et africain de sa science, de sa conscience, de son sens de la mesure et de sa détermination. De plus, l’universitaire a respecté scrupuleusement les valeurs d’éthique et de déontologie professionnelles tout au long de son parcours ».
Parcours
Né le 15 novembre 1940 à Etouha dans la Sanaga-Maritime, Joseph-Marie Bipoun-Woum a occupé plusieurs postes au plan académique, à savoir : chef du Département de droit public à l’université de Yaoundé, directeur général du Centre universitaire de Douala, et doyen de la Faculté de droit et des Sciences économiques de l’université de Yaoundé.
Dans sa carrière administrative, l’enseignant a assumé les fonctions de : directeur de l’Enseignement supérieur (1973-1978) ; conseiller technique au ministère de l’Enseignement (1990-1992). Il a également officié au sein du Gouvernement de 1992 à 1996, d’abord comme ministre de la Culture, comme ministre de la Jeunesse et des Sports. À la création du Conseil Constitutionnel, il avait été désigné membre de cette institution. Au sein de celle-ci, ses collègues le considéraient comme un sage.
Au soir de ce riche parcours, c’est par une salve d’applaudissements que la communauté universitaire a remis sa dépouille à la famille éplorée.