avril 14, 2025
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Tata Bakari entre passion et soin au Cœur de sa pépinière

Lors de son discours à la jeunesse camerounaise le 10 février dernier, le président Paul Biya a désigné Tata Bakari comme un modèle d'excellence dans le secteur agricole. Tata Bakari attribue son succès à l'exploitation des contenus du journal « La Voix du Paysan (LVDP) ». Et ses connaissances, il voudrait les partager avec des jeunes de la rue.

« C’est le travail de La Voix du Paysan. C’était mon première déclaration quand le Président a prononcé mon nom. »

Avant que son nom ne soit salué par le président Paul Biya, dans son discours à la jeunesse camerounaise, Tata Bakari, jeune agripreneur âgé de 39 ans, avait déjà tracé son chemin. Pendant un échange le 30 juillet 2015, il a partagé les secrets de ses succès avec notre rédaction.

Ce jour-là, il a révélé que c’est le besoin d’acquérir des savoir-faire qui l’avait conduit à devenir lecteur du journal « La Voix du Paysan (LVDP) ». Depuis 2009, il est un abonné fidèle à ce journal, dont l’un des objectifs principaux est de débattre sur les enjeux du monde rural. Tata Bakari lit ce journal régulièrement et grâce à cette pratique « nous avons appris à effectuer des greffages, créer des pépinières, qui nous permettent de mieux suivre et observer les plants ou les semences à utiliser. Tout ceci nous permet d’améliorer nos pratiques et nos productions », explique t-il. Ainsi, entre 2009 et 2015, il est « passé de 1,5 hectares à 10 hectares de cultures en 6 ans ».

Ce jour-là, il a révélé que c’est le besoin d’acquérir des savoir-faire qui l’avait conduit à devenir lecteur du journal « La Voix du Paysan (LVDP) ». Auparavant « enfant de rue », Tata Bakari a exprimé son désir ardent de sortir de cette précarité pour se consacrer « corps et âme au développement de sa localité ».

Au-delà de son usage personnel, il a pris l’initiative de partager ses exemplaires avec d’autres jeunes de sa localité. Il a déclaré : « je cherche à rassembler d’autres enfants de la rue autour des projets agricoles afin qu’ils donnent un sens à leur vie, qu’ils apprennent à faire quelque chose et prennent goût à l’entrepreneuriat ».

La récolte de Maïs

Autrefois, le ciel était son toit et la rue, sa maison. Ce destin, qui semblait inéluctable, est aujourd’hui bien éloigné de la réalité enviable de Tata Bakari. Marié et père de cinq enfants, il s’est épanoui en tant qu’entrepreneur agricole. Il cultive principalement du maïs, de la banane plantain, du haricot, du riz pluvial et du niébé.

Sémi-bamoun et Sémi-anglophone, Tata Bakari ne se contente pas de son rôle de délégué au sein du GIC JAF (Jeunesse Agricole de Foumbot). Il est également formateur. Lors d’un échange à Foumbot le 15 février dernier, il a partagé avec nous les évolutions concrètes qu’il a observées dans son univers au cours de la dernière décennie.

« Aujourd’hui j’ai plus de 50 hectars »

Depuis lors, de nombreuses avancées ont été enregistrées à différents niveaux. « En 2015, j’étais à 8 hectares, et aujourd’hui je suis à plus de 50 hectares. », nous dit-il. En 2015, Tata Bakari a lancé une formation pour une quarantaine de jeunes. Cette idée là, elle lui a été soufflée par Michel Mbiendou, une ancienne journaliste de son journal favoris. Aujourd’hui, il en compte 460 encadrés par lui.

Comme tout entrepreneur, les difficultés font partie intégrante de son quotidien : « Le Sultan, Roi des Bamouns a dû intervenir lorsque j’avais des problèmes d’acquisition de terrain » nous raconte-t-il. Son autre défi majeur est également lié à l’absence d’engins pour transporter les récoltes. Il se souvient aussi des défis rencontrés pour l’hébergement des apprenants, parfois venus de très loin, y compris de pays voisins. « Aujourd’hui, j’ai quatre appartements qui peuvent accueillir plus de trente jeunes apprenants », précise-t-il.

Flegmatique et déterminé à aller plus loin, l’entrepreneur s’engage à faire mieux qu’hier. Son discours trahit une soif insatiable de progrès et de rêve, plus forte que jamais.

« Vous savez, quand il y a conflit, ce sont les enfants de la rue qui prennent les armes. Si vous regardez chez nous au Nord-Ouest, depuis le début du conflit, ce ne sont pas les intellectuels qui sont impliqués.». Sa détermination est d’autant plus forte qu’il constate les résultats de son engagement. « Le plus beau résultat que j’ai obtenu, c’est de voir les jeunes que j’ai formés s’installer à leur propre compte et fonder des familles. » Son enthousiasme et son dévouement pour l’avenir des jeunes sont palpables, révélant une profonde conviction que l’éducation et le travail peuvent changer des vies.

« Je suis anglophone, et on pense que les anglophones ne sont pas des Camerounais. » , regrette-t-il. Ses émotions, bien que réelles, ne s’y attardent pas trop longtemps. « Si le Chef de l’État me cite, je ne vais pas vous mentir, je dois travailler encore plus dur. Je veux dire, les choses vont reprendre à zéro. » Au-delà de la joie que cette reconnaissance lui procure, Tata Bakari est pleinement conscient des défis qui l’attendent désormais. « Oui, il faut le dire, tout le monde m’a à l’œil », conclut-il.

Tadum Tadum William

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