Il faut venir au Cameroun pour vivre cela: communiquer par le silence. Communiquer par le mépris. Communiquer par le dédain. Communiquer par la condescendance. Et pourtant, il est important, il est nécessaire, il est impératif de communiquer en temps utile, avec des outils appropriés. Seuls les extraterrestres pourraient raisonner que, si l’un d’eux est indexé à tort ou à raison, un silence éloquent serait la meilleure forme de réaction. Quelle erreur !
Ces derniers jours, une partie de la presse nationale et internationale informe en grandes manchettes que Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République aurait été entendu par la justice camerounaise sur la manière dont ce proche collaborateur du chef de l’Etat aurait géré les fonds à lui confiés, afin de contrer les désastres de la Covid-19.
C’est une réalité que ces fonds ont existé. C’est une réalité que leur gestion a été très critiquée. C’est une réalité que la Chambre des comptes avait été saisie pour produire un rapport sur le sujet. Ce rapport existe. Il constate un certain nombre d’irrégularités sur la manière dont tout ceci s’est passé. Plusieurs ministres avaient déjà été entendus sur le sujet.
Si Ferdinand Ngoh Ngoh dont on connaît parfaitement la place dans ce dossier n’est pas entendu pour quelque prétexte que ce soit, ce serait une entorse immense dans le travail des enquêteurs. Le seul fait de révéler que cette étape normale, dans le travail des enquêteurs a été franchie, et que cela devienne un séisme national, est pour nous de l’obscurantisme pur. Qu’attendions-nous de Ferdinand Ngoh Ngoh lorsque la presse a annoncé son audition par la police ? Qu’il fasse une conférence de presse pour tuer la rumeur. A défaut, qu’il publie un communiqué pour confirmer ou pour infirmer l’information diffusée par les médias. Cette information est liée directement à sa personne. L’option de réagir par un silence condescendant est une grave erreur.
On peut dire que « le chien aboie, la caravane passe ». Ceux qui choisissent de mettre en pratique cet adage n’ont rien compris à l’importance de la communication. C’est elle qui rédige l’histoire de demain. Elle façonne le regard de l’opinion sur vous. Elle vous fait aimer, elle vous fait détester. Si Ferdinand Ngoh Ngoh estime qu’un Sg/PR est très puissant pour avoir besoin de protéger son image par la communication, c’est qu’il n’est ni de notre planète, ni de ce siècle.