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octobre 30, 2024
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Et nous voici au fond du "village planétaire"

Les Camerounais sont tombés tel un fil d'aplomb dans les « prolongements technologiques de l'homme » qu'évoque Mac Luhan. Ils apprennent « dans la rue » à consommer les Tic. Ces nouveaux outils de l'information et de la communication devraient être utiles seulement pour la culture et le développement économique. Ils s'avèrent être plutôt des espaces de tous les maux car, en amont, aucun travail d'éducation, de formation et d'encadrement n'avait été mis en place par les autorités.

TIC ET POUVOIR

Alvin Töffler n’est pas connu chez nous. Nous parlons peu de Marshall Mac Luhan. Pourtant, ces deux Nord- Américains ont produit d’immenses travaux au cours des décennies 1960 et 1970. Les produits de leurs recherches influencent notre vécu quotidien aujourd’hui.

Alvin Toffler. Ce sociologue et futurologue avait publié en février 1965 chez Horizon, « Le Choc du futur« . Cet ouvrage de 540 pages traduit en français 5 ans plus tard, décrit domaine par domaine, comment notre société se transformera. L’auteur conclu son étude ainsi : ceux qui ne se seraient pas préparés à ce chambardement, subiront un violent choc. Ce choc nous tourmente aujourd’hui avec les Tic.

Marshall McLuhan. Ce professeur canadien des sciences de l’information et de la communication fit deux prophéties. La première est dans son ouvrage « The Gutenberg Galaxy » paru en 1962. Il y prédit la fin du règne de l’imprimerie, et son remplacement par les outils de l’électronique. Six ans plus tard, il publie encore : « Pour comprendre les médias ». Il annonce les « prolongements technologiques de l’homme ». Il prophétise la circulation globale, rapide et abondante de l’information. Le monde deviendra un « village planétaire ». Nous-y sommes.

Les dirigeants occidentaux ont souvent pris très au sérieux chacune de ces prophéties. Là-bas, des cellules de réflexion ont souvent été mises en place pour parer aux chocs éventuels provoqués par ces prophéties. La France avait créé au ministère de l’Education nationale dans les années 1970, une direction générale des Ntic. Ce ne fut pas un hasard !

En 2000, alors que le phénomène des « Call box », répondant à un besoin socio-économique était vulgarisé chez nos voisins, les opérateurs de cette nouvelle activité étaient pourchassés dans nos villes. L’arrivée du téléphone mobile, ses retombées avaient pris nos dirigeants de court.

Au cours des deux dernières semaines, certains de nos dirigeants ont fait des sorties, chacun dans son champ professionnel. Le mincom René Sadi, le minjustice Laurent Esso, le Procureur général Luc Ndjodo, la doyenne d’âge à l’Assemblée nationale, Laurentine Mbedé, le premier président de la Cour suprême, Daniel Makobe Sonè. Dans les propos tenus par chacune de ces personnalités, il revenait en toile de fond les rapports entre le pouvoir, les médias et notre société. Ces rapports ne sont pas harmonieux. Ils sont empreints de part et d’autre de condescendance, de mépris, de méfiance, de défiance, de suspicion, de dangerosité, d’un manque total de confiance de part et d’autre. 

Les Camerounais sont tombés tel un fil d’aplomb dans les « prolongements technologiques de l’homme » qu’évoque Mac Luhan. Ils apprennent « dans la rue » à consommer les Tic. Ces nouveaux outils de l’information et de la communication devraient être utiles seulement pour la culture et le développement économique. Ils s’avèrent être plutôt des espaces de tous les maux car, en amont, aucun travail d’éducation, de formation et d’encadrement n’avait été mis en place par les autorités.

Si les prophéties d’Alvin Töffler et de Mac Luhan avaient été prises au sérieux par nos dirigeants comme ce fut le cas dans certains pays, nous ne subirions pas avec autant d’écho, ce « choc du futur » qui fait que chez nous, d’un côté le pouvoir, de l’autre côté les médias et la société, se regardent en chien de faïence. Les sorties des dirigeants cités plus haut, confirment l’arrimage accidentel des Camerounais sur les Tic. Ces sorties marquent une fois encore, le fossé béant qui s’est creusé entre le pouvoir ici, ses médias et sa société ailleurs.

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