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novembre 29, 2024
Littérature

Calixthe Beyala, écrivaine franco-camerounaise; Eric Tsimi, écrivain-dramaturge camerounais

Cette journée qui a commémorée sa 29e édition le 07 novembre dernier est passée sous silence au Cameroun, une occasion manquée de rendre pourtant hommage aux auteurs et à leurs arts, de recentrer des débats sur la pratique de ce métier et le valoriser par les lecteurs.


Eric Tsimi constate que « la journée de l’écrivain africain fait partie des institutions qui peinent à trouver leurs sens au Cameroun ». Dans l’ensemble, rien de spécial ne s’est produit: cette 29e commémoration est passée incognito pour beaucoup de lecteurs comme pour certains écrivains africains. D’ailleurs ils sont nombreux qui en ignoraient l’existence.

Dans son dernier ouvrage qu’il titre, « En quoi la littérature africaine est-elle la littérature ? », le professeur Eric Tsimi, écrivain-dramaturge, explique que « si on parle par exemple de littérature africaine moderne pour le cas du Cameroun, on ne connait pas de premier romancier avant Mongo Beti avec son œuvre « Ville cruelle » publiée en 1958. Et avant cela, n’existe-t-il rien sur le Cameroun ? il y a pleins de livres écrits sous tutelle française qui était dite « Littérature coloniale », littérature produite par des Blancs. C’était d’ailleurs une discipline académique. Cette anomalie persiste aujourd’hui en France où nous avons des études africaines qui sont composées essentiellement de Blancs et des Français ».

La thématique 

Initiée en 1992 par l’Association Panafricaine des Écrivains, elle se célèbre un peu partout dans le monde tous les ans. Née d’un désir de briser les héritages d’un passé colonial et de rendre un vibrant hommage à ces auteurs qui utilisent les mots pour refléter la société africaine, elle est portée sous le thème d’« Un horizon littéraire qui évolue » pour l’édition 2023.  

À en croire ce thème, une montée en puissance d’une nouvelle génération d’écrivains africains est souhaitée. Mais comment parler de la valorisation des écrivains africains, lorsque les livres africains ne sont pas suffisamment consommés par les africains eux-mêmes, comme le déplorent les experts. Nombreux sont ceux qui affirment sans état d’âme : « Je ne lis pas, je ne lis jamais, sauf pour le travail ! ».

Pour la romancière franco-camerounaise Calixthe Beyala, la journée de l’écrivain africain sonne au Cameroun tel un écho lointain, dont le but initial consiste à tromper le public sur ce qui n’est pas car les droits des grands classiques camerounais sont encore la propriété de la France.

Louis XIV, oui, livre non

« Il est incongru de commémorer un tel évènement dans un pays comme le Cameroun où « Peu de personnes lisent ou presque pas, où il n’y a pas de bibliothèque publique, où les riches ont des fauteuils Louis XIV mais aucun livre chez eux, où il n’existe aucune maison des écrivains, où réellement aucune bourse n’est décernée aux écrivains, où seuls les pays étrangers permettent aux écrivains de publier dignement et de se faire reconnaître », ajoute-t-elle.

Eric Tsimi nous a confié que lors d’une conférence à laquelle il participait à Douala, des doctorants lui ont posé la question à savoir à quoi sert « notre » écriture non coloniale ?. « Je comprends évidemment que dans notre contexte, il y a ce souci de rentabilité immédiate. Mais de manière générale, nous sommes très humbles dans les sciences humaines : sur la capacité transformationnelle de nos recherches. Nous aspirons soit à donner des grilles de lecture du monde, soit à prédire mais pas forcément à transformer », explique-t-il.

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