novembre 3, 2025
Marche pacifiques

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Des manifestations, suivies d’émeutes, ont éclaté dans plusieurs villes du Cameroun quelques heures après la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, déclarant le président sortant Paul Biya vainqueur.

À Douala, plusieurs quartiers se sont transformés en foyers de contestation, marqués par des scènes de tension, des dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Dans la rue, des manifestants en colère rejettent la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat à la tête du pays. Tirs à balles réelles, arrestations, usage massif de gaz lacrymogène… Les forces de l’ordre tentent de disperser les rassemblements dans la capitale économique.

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos circulent. Certaines montrent des corps sans vie étendus sur la chaussée, d’autres, des scènes de pillage dans des stations-service ou des points de ravitaillement.

Ce qui devait être une marche pacifique initiée par le candidat du Fsnc, Issa Tchiroma Bakary, arrivé officiellement deuxième, a rapidement dégénéré en affrontements violents. Sur sa page officielle, Issa Tchiroma a dénoncé la répression : « Un gouvernement censé protéger sa population, qu’il prétend avoir voté pour lui, se livre à des actes de répression, de torture et de meurtre contre son propre peuple. Vous répondrez devant la loi. »

Le journal L’Œil du Sahel rapporte la publication d’un « Avis aux fanatiques du Fsnc », qui auraient été produit par des habitants du Grand-Nord. Ceux-ci menacent de représailles toute personne qu’ils accusent de vouloir prendre Garoua « en otage ». « Vous brûlez nos maisons, on brûle vos maisons », préviennent-ils. Pour Guidai Gatama, Directeur de publication du journal, « le Grand-Nord souffre déjà de ceux qui gouvernent sans écouter ».

Pendant que la rue conteste les résultats, les partisans du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) célèbrent leur victoire. Pour eux, cette nouvelle investiture confirme la continuité d’un parti au pouvoir depuis près d’un demi-siècle. Quelques heures après l’annonce officielle, des partisans ont envahi les artères principales pour exprimer leur joie. « Je souhaite que le président continue de maintenir le Cameroun dans la paix », confie un riverain.

De son côté, Paul Biya, fraîchement réélu, a invité les Camerounais à « s’engager résolument à bâtir un Cameroun de paix, d’unité et de prospérité ».

Confinement oblige..
Pour tenter de rétablir le calme, les autorités de Douala ont instauré des patrouilles et des bouclages dans plusieurs quartiers sensibles, notamment Deido, New-Bell, Yassa, Bonaberi, Bonamoussadi, Nyalla et Akwa-Nord.

Au lendemain des affrontements, les rues restent désertes. De nombreux conducteurs de moto-taxi affirment manquer de carburant, tandis que la peur empêche la population de sortir. Dans certains secteurs, la police interdit toute circulation. Plusieurs entreprises ont adopté le télétravail pour protéger leur personnel, et la majorité des parents préfèrent garder leurs enfants à la maison, occupés à réviser leurs cours.

En rappel, le 27 octobre, le Conseil constitutionnel a officiellement proclamé Paul Biya vainqueur de l’élection présidentielle d’octobre 2025, avec 53,66 % des voix.

CLAUDE SANDRA DEUTOU

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