Nous entamons les procédures d’enregistrement de nos bagages ainsi que les formalités d’embarquement. Du coup, les contrôleurs de la douane tunisienne nous interrompent. Ils sont trois. Parmi eux, il y a une dame aux cheveux blonds et deux hommes en tenue de police. Ils retiennent nos passeports.
Nous nous enquérons auprès de cette dame de connaitre les raisons de cette rétention de nos titres de voyage. Elle nous répond : « Non aucun problème mesdames, juste un contrôle de routine», et à son collègue de rajouter avec un léger sourire : « Non madame, ne vous inquiétez pas ». Ces contrôleurs nous demandent de les suivre jusqu’à la salle de contrôle.
Une fois dans cette pièce, un contrôleur intime l’une de nos consœurs d’ouvrir sa valise pour la fouille, tout en lui posant des questions : « Où logiez-vous? Vous venez de quel pays …? ». Elle lui répond. À la question de savoir l’objet de notre séjour en Tunisie, elle lui présente son badge d’accès aux « Assises internationales du Journalisme de Tunis » auxquelles nous étions conviées. Il marque un arrêt et se met à murmurer avec ses collègues en arabe. Du coup, il lui demande de refermer ses valises sans y avoir jeté un coup d’œil. À nous autres : « Pas la peine d’ouvrir vos valises mesdames », insiste-t-il.
Ensuite, ils nous font appeler dans une pièce voisine de celle où nous étions pour nous remettre tour à tour nos passeports. Nous avons pu rejoindre notre rang dans la salle d’enrégistrement.
C’est à ces moments que l’on est fier d’être journaliste. L’on se sent influente, redoutée, respectée. Grâce à ce petit accessoire qui peut sembler insignifiant à vue d’œil, mais qui est notre carte d’identité professionnelle. Ce précieux objet s’appelle la carte de presse.
Elle permet à un journaliste d’être identifié et d’entrer en possession de son droit d’accès à l’information. Elle continue de sauver des journalistes dans de nombreuses situations compromettantes lors de l’exercice de leur métier. Comme elle nous a permis de gagner du temps et du respect à la douane de l’aéroport de Tunis où nous avons été retenues.
C’est triste de constater qu’au Cameroun, la carte de presse n’est pas respectée à sa juste valeur. Il est même le plus souvent déconseillé de la sortir dans certaines circonstances. Au Cameroun, au moment d’avoir accès à l’information, la carte de presse ne représente plus rien aux yeux de votre informateur. Faudrait-il questionner l’importance de la « carte de presse » au Cameroun ? Ses valeurs et missions ?
Peut-être que les journalistes eux-mêmes, de part le comportement de certains d’entre eux, contribuent à décrédibiliser leur sésame. Ou alors, c’est le système politique camerounais qui a choisi d’amoindrir le métier de journaliste aux yeux de tous.