Limité jusqu’à présent à l’univers politique, la pollution au Cameroun vient de faire son lit dans le monde aquatique. L’eau des robinets à Yaoundé n’est pas potable. Désormais, elle est réservée à l’usage interne. Ne mangeant déjà plus à leur faim (Covid-19 oblige), les Yaoundéens ne pourront plus, jusqu’à nouvel ordre, boire à leur soif. Ils sont soumis au jeûne sec !
Mais, ils ne peuvent compter que sur la clémence de la météo : la saison de pluie vient de commencer. Il tombe de temps en temps des grosses gouttes de pluie. Mais, cette eau est aussi polluée. Les rues de Yaoundé, à la terre rouge, polluent l’air au passage des voitures. Il y a du génocide dans l’air. Les partis politiques que sont : UPC, UDC, PNRC, MRC… et leurs alliés, si prompts à organiser « les marches », les « revendications » « à occuper toutes les tribunes politiques et l’espace public », doivent devoir rassembler leur énergie pour exiger la qualité, la norme de l’eau. Les Yaoundéens meurent de la typhoïde, de la dysenterie, du choléra…causés par l’eau de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater). Voici les chantiers vierges pour les politiciens en mal de positionnement. Les statistiques montrent que l’eau tue environ 2,6 millions de personnes dans le monde. Depuis les années 1990, les politiciens camerounais nous avaient habitués à un discours incolore, inodore, insipide sans qu’on puisse le confondre avec de l’eau potable. Et voici qu’à présent, la Camwater nous sert un breuvage coloré, opaque, aux odeurs suspectes, à la saveur de rouille comme un mauvais laïus politique. Navrante inversion des qualités. Et rien ne dit qu’en procédant à une permutation des rôles entre les uns et les autres, l’eau de Yaoundé de- viendrait buvable et les discours politiques plus intelligibles !
Le Directeur général de la Camwater n ́a plus d’explication à donner. Sa société ne manque pas des devises pour se procurer de l’hypochlorite de calcium, un produit chimique réputé pour ses propriétés bactéricides. Les Yaoundéens souffrent des problèmes de peau. Les femmes, des infections dues à cette eau polluée. Et, ils en meurent !
La Camwater et les médecins nous conseillent de faire bouillir de l’eau. Mais alors, ce n’est plus de l’eau potable. C’est du thé ! Avec un arrière-goût de casserole en plus.
Enfin, refroidissons-nous. Au lieu de faire bouillir de l’eau sur leur réchaud, les Yaoundéens bouillonnent de rage quand ils pensent aussi aux factures d’électricité qui prennent de l’ascenseur chaque jour.
Impropre aujourd’hui à la consommation, cette eau l’est aussi pour le corps. Et dans de nombreux foyers, Monsieur fait des problèmes à Madame, car les chemises blanches ont pris la couleur du thé, et Madame est constamment infectée. Ce serait un comble pour un pays, où il pleut, en moyenne, neuf mois sur douze. Mais, le Cameroun a vu d’autres. A l’allure où vont les choses, l’espoir ne semble pas permis. Les Camerounais, en plus de payer les factures de la Camwater payent en plus de l’eau minérale, même si son bouchon est fermé avec de la super glu. Le thème de la pollution n’intéresse pas nos politiciens. Il ne conduit pas au palais d’Etoudi.
*Les opinions émises par l’auteur dans cette rubrique n’engagent pas la rédaction de « Le Calame ».