SAN PEDRO
Né de la scission du département de Sassandra, le département de San Pedro a été créé le 16 octobre 1985 et est, selon les économistes, le second pôle économique de la Côte d’Ivoire, après Abidjan, disposant de grands atouts de développement économique pour l’ensemble du pays, grâce aux innombrables potentialités de l’activité portuaire, de l’agriculture, de l’agro-industrie et du tourisme.
Géographique
Situé dans le Sud-ouest de la Côte d’Ivoire, à 368 km à l’Ouest d’Abidjan, le département de San Pedro couvre une superficie de 7 072 Km². Il est limité au nord par le département de Soubré, au sud par l’Océan Atlantique, à l’Ouest par le département de Tabou et à l’Est par le département de Sassandra.
Le relief du département est formé de plateaux et de collines de 600 m d’altitude maximum, de plaines avec un sol constitué de nombreux bas-fonds propices tant aux cultures de rente qu’aux cultures vivrières. La ville même de San Pedro se construit par endroits dans des bas-fonds, sillonnée de rivières, lacs, et bordée par l’Océan Atlantique. Le climat est de type tropical humide, avec une pluviométrie moyenne de 1740 mm par an, et une température annuelle oscillant entre 26,4 et 27°c.
Démographie
Selon les projections des données du Recensement général de la population et de l’habitat en 2013, la population du département de San Pedro est estimée à 790 242 habitants, dont 422 143 hommes et 368 099 femmes.
Les populations autochtones, très accueillantes, sont minoritaires dans leurs villages. Dans la zone du Bas-Sassandra, comprenant San Pedro, Soubré et Sassandra, l’on dénombre officiellement 42,8% de populations étrangères.
Les populations autochtones de San Pedro sont principalement composées de trois groupes ethniques : Bakwé, Kroumen et Winnin.
Leurs contacts avec les premiers explorateurs et colons datent de 1460. De façon alternative vont suivre les Hollandais au 16ème siècle, les Anglais au 19ème siècle, et les Français vers la fin du 19ème siècle.
Feu le président Félix Houphouet-Boigny a décidé avec son gouvernement en 1968 de faire de San Pedro le second pôle économique de la Côte d’Ivoire, par l’aménagement de ce territoire, la construction de la ville de San Pedro, la création d’un port, la mise en place d’infrastructures routières, d’agro-industries. Ce travail a été confié à l’Autorité pour l’aménagement de la région du Sud-ouest, créée par décret en 1969.
Infrastructures
Le département de San Pedro dispose de 1867 km de routes dont 199 km revêtues, 1657 km en terre et 11 km de voirie revêtue. En hydraulique le département enregistre 168 pièces dont 20 pompes d’hydrauliques villageoises améliorées et 142 pompes à motricité humaine.
Religion, sport et culture
La ferveur religieuse est palpable dans le département de San Pedro, où de nombreuses communautés chrétiennes catholiques, protestantes, musulmanes et animistes vivent ensemble dans un esprit de respect mutuel et de tolérance religieuse. L’église catholique compte de nombreuses paroisses et chapelles. Elle a été érigée en Diocèse en 1989 par scission de celle de Gagnoa, et s’apprête à construire une cathédrale.
En sport, San Pedro dispose de 11 stades de football dont le plus grand est le stade de football Laurent-Pokou, où évolue les pays du groupe F. La ville regroupe deux clubs phares à savoir le Football Club de San Pedro (ligue 1) le Séwé Sport de San Pedro (deux fois championne de Côte d’Ivoire, aujourd’hui en ligue 2). Il existe six terrains de basket-ball, huit de hand-ball, cinq de volley-ball et un de tennis. Les arts martiaux, surtout le karaté, la boxe sont pratiqués avec des clubs qui prennent part aux compétitions nationales.
Quatre centres culturels et huit bibliothèques dont une de l’Alliance française sont concentrés dans les villes de San Pedro et de Grand-Béréby. La population cosmopolite de San Pedro offre une diversité de cultures permettant d’apprécier, au plan de la musique et de la danse, le Bolo des Kroumen, le Goly des Wan et des Baoulé, le Goumé des Malinké, de même que les riches danses des Yoruba du Benin, et des Mossi du Burkina Faso.
Santé
Une direction régionale de la Santé et de la Lutte contre le sida et un district sanitaire ont en charge la gestion de la santé des populations du département. Des infrastructures sanitaires publiques et privées de différents niveaux reçoivent les populations dans les villes et certains villages du département, allant du Centre hospitalier régional (CHR), des cliniques modernes aux centres ruraux de santé.
Education
Selon l’inspection de l’enseignement primaire de San Pedro, l’on y dénombre 168 écoles dont 23 privées. Dans le secondaire public sept lycées et collèges publics sont enregistrés à San Pedro, Grand-Béréby, et Gabiadji, pendant que l’on compte dans le privé une dizaine de collèges.
Economie
L’activité économique qu’elle soit du secteur primaire, secondaire ou tertiaire, est soutenue par les activités du Port autonome de San Pedro (PASP). La croissance du PASP et l’évolution du département de San Pedro sont intimement liées. C’est dans les années 60 que le gouvernement ivoirien a décidé de faire de San Pedro un pôle économique important à travers un programme ambitieux dit ‘’opération San Pedro’’. Ce programme avait pour objectifs la construction d’un port en eau profonde, la création d’une nouvelle ville, à savoir San Pedro, la création de grandes unités agricoles et des agro-industries.
Cultures vivrières
Les cultures vivrières telles que l’igname, la patate, le manioc, le riz, le maïs, et les légumineuses, notamment l’aubergine, le gombo, le piment, le chou, le concombre, et la laitue sont pratiquées principalement par les femmes. Cependant, selon l’Office d’aide à la commercialisation du vivrier (OCPV), 75% des besoins alimentaires du département de San Pedro sont fournies par les autres régions productrices de la Côte d’Ivoire, notamment la banane plantain, le riz, l’igname, le manioc, les fruits et légumes, qui viennent pour la plupart des régions de Daloa, Soubré, Korhogo, Bouaké et Abidjan.
Cultures pérennes
Les plantations d’hévéa, de palmier à huile, de cacao et de café occupent de grands espaces dans le secteur agricole du département de San Pedro, posant parfois de graves atteintes à l’équilibre écologique de la région par des intrusions dans des forêts classées et parcs nationaux. Le département compte 255,5 ha de forêts classées à San Pedro, Rapides Grah, et dans la Haute Dodo.
Le port de San Pedro représente le premier port au monde exportateur de cacao. La Côte d’Ivoire, premier pays producteur de fèves de cacao réalise en moyenne 1 300 000 tonnes.
La croissance des activités du PASP laisse de grandes perspectives et possibilités de développement pour le port lui-même, mais également pour le département et le pays. Le PASP a connu de 2012 à 2014 une croissance de 285%, passant d’un trafic de 1,2 millions de tonnes à 4,7 millions de tonnes. Le projet d’extension du domaine portuaire sur 150 ha, la diversification de son trafic avec un terminal pétrolier, la construction de voies ferroviaires, le stockage et le transport de manganèse, de fer, et le développement de partenariats avec certains ports d’Afrique et d’Europe, laissent entrevoir une croissance exponentielle dans les prochaines décennies pour l’ensemble du Sud-ouest de la Côte d’Ivoire et pour toute l’économie ivoirienne.
Le secteur touristique déjà prometteur va également connaître une embellie, grâce à ce potentiel économique que représentent l’activité portuaire, l’agro-industrie et la réouverture de l’aéroport de San Pedro. Les belles plages de Monogaga (San Pedro), de Dawa (Grand-Béréby) et l’important dispositif hôtelier, sont déjà des atouts qui ont fait connaître le département à de nombreux touristes dans un passés récents.
En définitive, le foncier rural, lié à l’afflux de populations allochtones et étrangères, reste un défi majeur à gérer pour créer un climat de plus grande confiance pour l’ensemble des opérateurs économiques et les populations de San Pedro. Cela contribuera à faciliter la réalisation des grands projets du gouvernement si les cadres de la région savent s’unir autour des enjeux économiques et sociaux, au-delà des clivages politiques, et ethniques.
La construction d’un tribunal, d’une prison, d’une université, d’un centre hospitalier universitaire (CHU) avec en plus une voirie entièrement refaite et étendue, donneront à la métropole de San Pedro le visage que le second pôle économique du pays mérite d’avoir.
DE NOTRE CORRESPONDANT SUR LES SITES DE LA CAN2023 EN CÔTE D’IVOIRE, FRANCK MICHEL OGUEHI