juillet 23, 2024

Le Directeur de publication

« Tu es complètement fou ! En cette période de morosité économique et d’incertitudes politiques, comment tu peux te permettre un projet éditorial aussi audacieux ... ? »

Un ami à l’Extrême Nord du Cameroun à qui j’annonçais le projet de Le Calame m’a fait cette remarque : « Tu es complètement fou ! En cette période de morosité économique et d’incertitudes politiques, comment tu peux te permettre un projet éditorial aussi audacieux … ? » En réponse, j’ai fait mienne cette remarquable étude d’Anne-Sophie Novel, journaliste économiste française. Elle a publié en 2019 un ouvrage essentiel dans lequel elle tente de comprendre le lien du public aux médias, le rôle qu’ils jouent dans la vision du monde, et la façon dont ils permettent ou non, d’être en prise avec le réel.

Notre excellent confrère Didier Pourquéry, plusieurs fois rédacteur en chef dans plusieurs journaux de France, reprend d’Anne-Sophie Novel qui s’est servi pour son ouvrage d’un sondage de « Make.org et Reporters d’espoirs », rendu public la même année, pour réagir à cette question : « Comment les médias peuvent améliorer la société ? » Voici la réponse du journaliste, inspiré d’une consultation auprès d’un large échantillon de consommateurs des médias : « Les citoyens veulent que l’information soit traitée de façon moins rapide et plus fouillée ; ils souhaitent davantage d’investigation, d’expertise et de pédagogie, moins d’éditorialisation et plus de journalisme de solution. Et, bien entendu, ils souhaitent que l’indépendance financière des médias soit assurée et transparente ». Nous ne pouvions pas souhaiter mieux.

Autre constat : j’échange avec un lycéen de classe de 4ème. Je lui demande le nom du quartier dans lequel se trouve la commune de Yaoundé 4è. Il répond : « Dibombari ». A un étudiant de 1ère année à l’université, je souhaite connaitre le nom du Premier ministre du Cameroun. Il se gratte la tête et répond : « j’ai oublié ». Voilà le contexte dans lequel nous avons décidé de faire Le Calame. Nous ferons un travail d’information et de pédagogie. Les exigences nouvelles du métier seront appliquées pour cet objectif. Des informations de base pour connaitre notre pays, l’Afrique et le monde seront traitées par la rédaction de Le Calame, avec une contribution en termes d’analyse de l’expertise extérieure. Vous retrouverez ainsi dans votre journal : investigations, analyses, décryptages, monographies, grands portraits, interviews, découvertes de nos villes et villages, rétrospectives des sujets qui ont marqué notre époque.

D’autres confrères se battent déjà comme des diables pour informer sans moyens conséquents. Les citoyens attendent encore mieux, car aujourd’hui, ils lisent peu, ils sont surinformés par la radio, la télé et Internet. Ils consomment l’infox, l’intox, les fake news et le vedettariat, offerts par l’écran. On peut sortir de cette infobésité, de l’infodémie, en offrant l’infovraie, concise et fouillée. C’est un défi. Nous optons de remettre au journalisme ce qu’il a d’essentiel : la vérité par les faits, par l’investigation, par l’analyse, par l’expertise, par la pédagogie et par la solution. Ce projet a muri depuis 10 ans. Nous plaçons la barre très haute dans cette ambition, c’est vrai, mais nous savons que c’est de cela dont les citoyens lecteurs ont besoin. Il ne nous manque ni les capacités intellectuelles et professionnelles, ni la volonté d’y parvenir. Les lecteurs ont besoin d’une presse d’investigation, d’une presse de solutions. Nous allons tenter de la leur offrir, afin que la vérité soit dite, car elle est plus importante que jamais.

Le Calame paraîtra les vendredis en format tabloïde, au prix de 500 francs. Sa version en ligne sera traitée au rythme d’un quotidien, avec des alertes en Newsletter. Nous voulons que Le Calame soit le journal que vous emportez avec vous pour le consommer en week-end, tranquillement.

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