SERVICE EMPLOI PUBLIC
Monsieur Camille Moutè, vous venez de prendre part à la cérémonie d’ouverture de l’atelier de renforcement des capacités des conseillers emploi des services publics dont les participants proviennent d’une quinzaine de pays d’Afrique. Pourquoi avoir choisi de tenir cet atelier à Yaoundé ?
Dans les années 2000, nous avons ambitionné de créer un centre de formation des conseillers emploi au Cameroun; manque de financement, ce projet n’a pas abouti. Nous avons pris une solution intermédiaire qui était d’utiliser les infrastructures du Centre régional d’administration du travail (Cradat) pour la formation des conseillers emplois au niveau de l’Afrique Subsaharienne, voire au-delà.
Pour ce programme dont les travaux ont débuté le 11 septembre, le Cameroun a été consacré comme point focal pour la formation des conseillers emploi et de tout ce qui concerne les questions opérationnelles des services d’emploi publics en Afrique au Sud du Sahara; c’est un choix des administrateurs de l’Aasep.
De quoi traite cet atelier ?
C’est un atelier technique placé sous le thème de « la relation avec l’entreprise ».
Vous savez très bien que les services d’emplois publics comme les nôtres ont la charge de gérer le marché du travail. Ce dernier est animé par deux acteurs : les chefs d’entreprise qui ont des offres d’emploi, et de l’autre côté, les personnes qui sont à la recherche de l’emploi. Le rôle d’un service d’emploi est de faire en sorte que le chef d’entreprise trouve exactement le personnel qu’il recherche en termes de profil. Nous avons aussi pour obligation d’accompagner le chercheur d’emploi dans sa recherche de l’emploi.
Le chef d’entreprise doit avoir des outils qui lui permettent de recruter la personne qu’il faut au poste dégagé. Nous réfléchissons aussi à: comment nos conseillers emplois doivent s’organiser pour optimiser au maximum la relation avec l’entreprise, pour que celle-ci soit satisfaite du service que nous leur apportons.
Nous avons le cas de certains chefs d’entreprise qui n’ont pas toute la méthodologie lors d’une interview afin d’être sûrs qu’ils posent de bonnes questions pour obtenir les bonnes réponses venant du chercheur d’emploi.
Nos conseillers emplois, au sortir de cet atelier, devraient être renforcés dans leur action quotidienne vers les entreprises. La préparation de rencontre avec l’entreprise, l’argumentaire auprès de l’entreprise pour rendre celle-ci sympathisante vis-à-vis du service d’emploi public et surtout, confiante vis-à-vis de l’offre de service que le Fonds National de l’Emploi peut lui offrir.
L’entreprise, l’emploi et la formation vont toujours ensemble. Y a-t-il une hiérarchie dans cette trilogie ?
L’entreprise c’est l’un des piliers de la création de l’emploi. Créer des emplois, c’est créer des activités. Vous avez d’une part des activités qui sont durables, c’est le cas des entreprises. Et d’autre part des activités qui sont à durée déterminée comme les infrastructures, des routes, les ponts, qui lorsque l’ouvrage est terminé, les employés retournent chez eux. Le souhait de tout pays qui aspire au développement est que ces entreprises créent des activités à valeur ajoutée. Voilà comment l’entreprise et l’emploi sont embrigadés.
Pour ce qui est de la formation, c’est le levier principal de l’emploi. Pour certains emplois, il faut des qualifications. Si vous formez des personnes sans tenir compte de la création des entreprises et des emplois, vous vous retrouverez avec des milliers de personnes ayant de bonne formation mais qui sont au chômage. La preuve, dans notre base de données nous avons des qualifications les plus variées, des personnes qui ont perdu leur travail malgré toute leur compétence. Tout ceci parce qu’il n’y a pas assez d’offres qui correspondent à la demande.
Il ne faut pas former au même niveau des personnes par rapport à ce qu’offre le marché du travail. Par exemple, la formation de 50 chauffeurs pour 30 voitures. Il faut toujours prendre compte en priorité du marché de l’emploi. Nous avons au FNE des programmes qui permettent aux entreprises de recruter une personne en pré-emploi pour la former.
J’en profite pour dire aux chefs d’entreprises de donner la chance à nos jeunes diplômés qui sortent des écoles, d’apprendre un métier au sein de leur entreprise.
La question de la formation professionnelle est si importante qu’elle ne s’arrête pas là. Elle est tout le long de la vie. Lorsqu’il y a de nouvelles technologies, il faut adapter le personnel à de nouveaux process.
La réorganisation du FNE, décidée récemment par le Chef de l’État, apporte quoi de nouveau dans les missions de cet organisme ?
Cette réorganisation du FNE était très attendue depuis que le gouvernement a réformé les établissements publics administratifs avec le décret de 2019. Il était urgent d’arrimer à ces nouveaux textes, le FNE qui auparavant, était sur le texte du 27 avril 1990. Et ce texte n’était pas en correspondance avec les décrets qui définissaient et organisaient les établissements publics administratifs. Depuis le 28 août, le Chef de l’État a mis de l’ordre et conforté le rôle que doit jouer le FNE dans la lutte que mène le gouvernement contre le chômage. Ceci en faisant du FNE, le point focal de tous les programmes qui visent la réduction du chômage. Son objectif est de faire en sorte qu’il y ait une harmonie et une visibilité sur l’action gouvernementale. Car à l’heure où on en parle, on ne sait pas qui recherche de l’emploi, des financements de projet, qui a bénéficié d’un financement, ni qui a trouvé du travail.
Nous avons des chiffres mais avec les autres organismes qui actent dans le même sens, nous n’avons pas une coordination où nous retrouvons toutes ces statistiques qui puissent montrer le niveau d’actions que mène le gouvernement pour la lutte contre le chômage. Cette réorganisation va apporter de la visibilité sur tout cela.