Depuis 2000, Bill Clinton, alors président des États-Unis avait ouvert aux Africains le marché américain afin d’y déverser sans droits de douanes les produits du continent noir. Ce cadre réglementaire est l’Agoa. Les économies africaines ont connu de nombreuses transformations. Les États-Unis tentent aujourd’hui de changer d’approche, car ils estiment que l’Agoa a fait son temps. Les Américains doivent affronter l’influence de la Chine. Le plus grand partenaire commercial et créancier bilatéral du continent. La Russie a réussi à renforcer ses relations avec plusieurs États africains au cours de ces dernières années. Aujourd’hui, le commerce bilatéral entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne s’élève à 44,9 milliards de dollars l’an dernier, soit une augmentation de 22 % par rapport à 2019, tandis que les investissements directs étrangers dans la région ont chuté de 5,3 % pour atteindre 30,3 milliards de dollars en 2021.
Ce contexte qui voit la pénétration de la Chine et de la Russie oblige les Etats-Unis à changer radicalement sa perception de l’Afrique, devenue « une terre d’opportunités » économiques et commerciales. Le président Joe Biden a fait savoir à ses proches qu’il souhaitait améliorer son programme pour tirer parti de l’intégration croissante de l’Afrique, notamment à travers la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), la plus grande au monde en termes de population avec plus de 1,3 milliard de personnes. « Nous travaillerons avec des partenaires africains volontaires pour approfondir et élargir nos relations commerciales, afin d’offrir une prospérité équitable et inclusive », indique en partie le dernier rapport stratégique de l’administration Biden pour l’Afrique subsaharienne, paru en août 2022.
« Nous travaillerons avec le Congrès sur l’avenir de l’Agoa, qui expire en 2025, et soutiendrons la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine », est-il encore expliqué. « L’Afrique façonnera l’avenir – et pas seulement l’avenir du peuple africain mais du monde », a encore appuyé Antony Blinken, secrétaire d’État américain. Entrée dans sa phase active, la Zlecaf est susceptible de devenir un pilier dans la facilitation des échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique. En particulier dans un contexte difficile pour le continent, dont nombre de pays sont confrontés à des chocs exogènes persistants comme les effets économiques eux aussi persistants de la pandémie, l’inflation galopante, la crise de la dette croissante, ou la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires sans oublier les catastrophes naturelles dévastatrices liées au changement climatique.
Quel type de partenariat avec les États-Unis ?
Sous l’administration Trump, un partenariat stratégique bilatéral était privilégié ; il avait été mis sur pied notamment avec le Kenya sur le commerce et l’investissement. L’objectif côté africain est d’attirer des investissements à long terme, des capitaux, d’assurer une balance commerciale plus importante qui tienne compte des besoins des commerçants locaux et de la main-d’œuvre croissante, en somme, garantir les principes d’un commerce plus équitable. L’association américaine d’habillement et de chaussures, qui représente plus de 1 000 marques, détaillants et fabricants a dans une lettre, invité le Congrès américain à renouveler l’Agoa pendant encore 10 années.
Environ 50 chefs d’État et hauts fonctionnaires de pays africains sont allés au sommet de cette année, le deuxième depuis que l’ancien président Barack Obama avait organisé l’événement en 2014. La démocratie, la sécurité alimentaire, la crise climatique et la promotion des investissements dans les infrastructures, la santé et les énergies renouvelables ont été les sujets au menu de cette rencontre.
« America first » ou la mort de l’Agoa
Le slogan de Donald Trump « America first » avait conduit les États-Unis de Trump à se retirer du « Partenariat Transpacifique », l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) et chercher à renégocier l’accord de libre-échange États-Unis-Corée du Sud. À l’heure actuelle, on ne sait pas avec certitude si les États-Unis retireront, suspendront ou limiteront l’Agoa avant son expiration en 2025, date arrêtée sous l’administration Obama.
Il faut toutefois rappeler que les importations américaines en provenance de l’Afrique subsaharienne ont fortement diminué ces dernières années (18,7 milliards de dollars en 2015 contre 26,8 milliards de dollars en 2014, soit une baisse de 30 %). Elles ne représentaient que 0,8 % des importations totales des États-Unis en provenance du monde.