juillet 25, 2024

Power Shift Africa, l'auteur de cette formation sur le climat

En prélude au sommet climatique africain qui se tient à Nairobi au kenya, un training pour journalistes africains a été organisé par l’organisation Power Shift Africa du 27 au 28 aout 2023 dans la ville d'Athi River, au Kenya. Durant cette rencontre, des voix africaines se sont élevées pour revendiquer l’urgence d’une "décolonisation du discours climatique ». 

FORMATION 

Le training organisé par Power Shift Africa a rassemblé 20 experts, 50 journalistes venus de 30 pays d’Afrique. Les échanges ont porté sur l’impératif de changer le récit relatif au changement climatique actuel que les experts africains soupçonnent d’être dominé par une perspective occidentale. L’Afrique aspire à un narratif climatique décolonisé, qui met en avant son histoire, ses défis et ses solutions propres. 

Les experts rencontrés durant cette activité font l’unanimité. Pour ces derniers, il est temps de donner une plus grande visibilité aux journalistes africains qui travaillent sur les détails de l’adaptation au changement climatique. Qu’en est-il des récits climatiques africains ? Pourquoi est-il essentiel d’obtenir une meilleure visibilité de ces récits ? 

Mohamed Adow, Directeur du think-tank sur l’énergie et le climat, Power Shift Africa donne son avis sur la question. « Nous pourrons construire la résilience grâce à la compréhension des risques, l’adaptation et le financement. La menace du changement climatique est réelle. Raconter les histoires au sujet du climat en utilisant des récits africains et des voix africaines, puis amplifier ces voix au niveau international, font partie des solutions », a-t-il précisé.

Il apparait dès lors que s’il est nécessaire de mieux planifier, de renforcer la résilience et de prendre davantage de responsabilités en Afrique, les Africains sont les mieux placés pour apporter les pièces manquantes du puzzle et dénoncer les erreurs commises. Pour ce dernier, au-delà de raconter ces histoires en utilisant les voix africaines, il faut faire appel à des experts africains mieux aptes que quiconque à exposer les problèmes et proposer des solutions adéquates aux africains.

L’heure de la vérité

 Durant ces travaux, les journalistes ont appris de nouvelles astuces. Il sera question de s’en servir dans le but de donner de la pertinence et de la nuance aux reportages sur le climat dans les salles de rédaction des pays africains. « Allons au-delà de ce que nous entendons, afin que les résultats soient des produits d’une analyse des africains pour des africains », a déclaré Elizabeth Kahurani, Directrice du réseau d’experts en communication stratégique mondiale (GSCC). Elle plaide pour la séparation du «signal» et du «bruit». Par ses propos, Elizabeth Kahurani cherche à attirer l’attention des journalistes sur l’importance de suivre les indicateurs évocateurs capables de faire avancer le débat relatif à la lutte contre le changement climatique en Afrique. Une façon d’appeler les médias à ne pas se laisser distraire.

Comme pour mettre de l’eau à son moulin, Fadel Kaboub, économiste et président de l’Institut mondial de prospérité durable a insisté sur la nécessité de poser « des questions différentes pour provoquer le changement ». Il a également remis en question le système financier et politique climatique mondiale conçu par les pays du Nord, affirmant que « ces systèmes ne servent pas les intérêts climatique de l’Afrique ». Pour lui, les journalistes peuvent jouer un rôle clé dans cette démarche en apportant des informations de qualité, en dénonçant « les injustices climatiques ».

Si tant est que les récits climatiques africains doivent être racontés par les africains eux-mêmes ; mieux placés pour comprendre les enjeux locaux et proposer des solutions adaptées ; il n’en demeure pas moins que le « comment » reste un aspect assez significatif. Non sans enthousiasme, Bernard Mwinzi, journaliste scientifique kenyan s’est mis à la disposition de ses confrères africains dans le but de partager avec eux les astuces clés dont il se sert depuis plus de 20 ans dans le cadre de la rédaction d’articles d’impact portant sur le climat. 

Manifestation de la Société civile africaine durant le Sommet africain sur le Climat a Nairobi au Kenya

« Les journalistes ont un rôle d’amplificateur et doivent avoir un impact sur les communautés aux niveaux micro, c’est-à-dire les personnes, au niveau méso, c’est-à-dire les communautés et macro, c’est-à-dire les décideurs », a-t-il affirmé. Il fait le constat selon lequel « la plupart des reportages ciblent le niveau macro, pourtant, il est essentiel d’être sur le terrain, plus près des gens, pour raconter les histoires climatiques des personnes dans leur cadre quotidien d’existence ». Il a insisté sur le besoin de parler des besoins des individus, d’être authentique dans la narration. Il conseille aux journalistes de personnaliser leurs récits, d’utiliser des témoignages humains pour raconter les faits en mettant en évidence leur impact sur les individus. Pour la majorité des journalistes présents à cette rencontre, L’heure de décoloniser le discours climatique et de donner une voix authentique et équitable à l’Afrique dans cette lutte fondamentale pour l’avenir de la planète a sonné.

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