PÉNURIE
Depuis 3 jours, toute la République vit au ralenti. Douala et Yaoundé, les deux principales villes du pays ne sont plus ravitaillées en carburant. Automobilistes et motocyclistes dorment devant les stations d’essence, dans l’attente du précieux liquide qui leur permettrait de vaquer à leurs occupations. Les autorités se murent dans un silence embarrassé. Elles font par moment des promesses à l’emporte-pièce. C’est la panique !
La population en stand-bail. Axes lourds vides. Les coûts de transport, motos et taxis garés, manque de véhicules pouvant transporter des usagers : c’est ainsi que se présente la capitale économique du Cameroun ce lundi. Tôt cette matinée, certains carrefours sont peuplés de personnes voulant se rendre dans leurs lieux de service. Étudiants et élèves sont désespérés, ils ne peuvent plus aller en cours. Les prix de transport sont excessifs.
Les attentes sont interminables. Certains vont à pied. « Je préfère marcher à pied pour me rendre au travail. Je vais attendre jusqu’à quelle heure ? et je vais payer combien ? »,s’interroge un usager. Dans l’attente, d’autres commencent à désister et se questionnent sur le déroulement de leurs journées : « Je ne pense pas aller à l’école aujourd’hui, je ne peux pas payer 600f cfa pour aller à Ndokoti alors que souvent je paye 250f. Ça fera combien pour que j’arrive au Campus à Ange Raphael ! Et je vais faire comment pour rentrer !? », c’est ainsi que se questionne Grace Mbangue étudiante de 2eme année dans la faculté des sciences économiques et gestion appliquée. Dans cette attente, des questionnements ou chamailleries occupent certains usagers qui n’attendent qu’un moyen de transport accessible et surtout moins coûteux pour commencer leurs journées. « Je suis ici depuis deux heures du matin, il est 10h, je n’ai pas toujours de carburant », déclare Jude, un moto taximan qui attend le carburant dans la station Tradex au lieu-dit parcours vita.
Du parcours Vita
« Je suis sorti tôt dans le but d’avoir un peu de carburant pour amener les enfants à l’école, ils ne sont pas allés parce que je suis encore ici », rajoute -il tout effervescent.
Dans des stations Tradex, aux lieux-dits Parcours Vita et Rhône Poulenc, l’on peut voir un camion-citerne dans chaque station là ravitaillant. Dans l’espoir d’être servis, tous attendent.
Revendeurs
Pendant que certains se bousculent, se chamaillent et se bagarrent, d’autres développent des stratégies pour rentabiliser leurs journées : « Je vends le sachet d’eau à 100f alors que normalement ça coute 50f. C’est une occasion pour moi d’avoir un peu d’argent pour donner aux enfants demain matin, à cette allure on aura le carburant tard et je ne pourrais plus travailler », dit Emmanuel Wandji moto taximen. Dans la foule, certains moto taximen deviennent vendeurs de bouteilles chez ceux qui n’en ont pas ou revendeur de carburant : « je vends le litre à 2000f parce que j’ai souffert pour l’avoir. Il a même fallu que je crée un « couloir » pour avoir le plein donc je dois rentabiliser », déclare un usager anonyme.
Prévoir pour gouverner
Cette pénurie de carburant qui affecte les villes de Douala, Yaoundé et Bafoussam au Cameroun est causée par « le retard de l’arrivée de trois navires transportant ledit produit. On accuse les conditions météo-océanologique défavorables qui ont interrompus le chargement chip-to-chip desdits navires pendant quatre jours au port hub de Lomé », mentionne un communiqué de presse du ministère de l’Eau et de l’Energie. Ce même communiqué prévoit un retour à la normal dès le mardi 12 décembre 2023. On a coutume de dire que « gouverner, c’est prévoir « . Si on avait prévu ici, nous serions à l’abri de ces désagréments d’un pays producteur de pétrole.
RACHEL LÉA DJEUNGA