juillet 20, 2024

Le maître des silences

Une semaine avant cette date du 6 novembre 2023, Jean Kueté, le Secrétaire général du "Rassemblement démocratique du peuple camerounais", le parti au pouvoir, a signé une lettre circulaire de son parti. Dans cette circulaire publiée dans les médias, l'auteur a esquissé en diagonal ce qu'il considère comme un bilan des 41 années  de gestion du pays par son champion, Paul Biya. 

BILAN

Pour Jean Kueté, en 41 ans, Paul Biya a respecté les engagements pris; il a consolidé la démocratie; il a amélioré le climat des affaires dans son pays; il fait gérer efficacement les affaires publiques; il a produit des résultats significatifs dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la culture et du sport. Il évoque la mise en place des projets d’envergure pour le développement du pays. Pour terminer, il affirme que Paul Biya a beaucoup travaillé pour le renforcement de l’image du Cameroun tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. 

Naturellement, Jean Kueté est dans son rôle quand il présente ce tableau lumineux, propre à un pays organisé, où tout fonctionne dans les normes. Le Sg du Rdpc sait pourtant, mieux que tout autre Camerounais, que son pays n’est pas celui où les fonctionnaires compétents et intègres ont une obligation de résultats. Que son pays n’est pas celui d’une justice libre de punir les prédateurs de la fortune publique. Il sait que l’éducation, la santé, la morale, l’encadrement des jeunes, tout cela ne fait nullement partie des préoccupations de son champion célébré. 

Pour cette dernière ovation comme pour les précédentes, Jean Kueté sait très qu’il n’y a rien de fondamentalement vrai dans son bilan esquissé. Il n’a égrené que le contraire de ce qui existe du bilan des 41 ans du pouvoir de Paul Biya. On peut comprendre Jean Kueté, puisqu’il ne se promène ni dans les quartiers de la capitale, ni à l’intérieur de son pays. Les réalités lui échappent.

Nous constatons, en ce 41ème anniversaire, que Paul Biya aurait voulu diriger une monarchie. À défaut, il s’est donné le temps et les moyens d’être un monarque incontestable à la tête d’une république. Durant tout ce temps, il est parvenu à accomplir son dessein de monarque. Toutes les institutions républicaines sont à ses pieds. Il régente tout, il a droit à tout. Il a broyé les oppositions, caporalisé les médias. Rien ne lui a résisté. 

Comme dans une véritable monarchie, ses sujets implorent le Ciel le jour de son anniversaire,  afin que l’éternité lui soit accordée. La date de son avènement au trône se célèbre comme une journée chômée et payée. Le moment venu, s’il le veut, il désignera son régent.  Quant aux bilans que le Secrétaire général de son parti s’échine à concocter, lui, il en a cure car un monarque ne rend pas de comptes.

LIRE AUSSI « Gouverner par la peur »

Partager l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *