juillet 24, 2024

Président de la Fécavolley

INTERVIEW

L’actualité n’est pas bonne à la Fécavolley depuis le début d’année. Deux élections ont eu lieu pour élire le nouveau président. La première organisée par Bello Bourdanne le 20 janvier et la deuxième le 04 février 2023 par vous. Comment expliquez- vous cette situation?

Nous n’allons pas faire dans la langue de bois : je voudrais dire que quand vous dirigez une organisation comme la nôtre qui marche à merveille et qu’elle se délite subitement, il faut comprendre qu’il y a des mains extérieures qui s’y mêlent. C’est dommage parce que les mains externes sont celles-là qui sont supposées encadrer le sport. Les mains des personnes qui doivent encourager le sport, faire sa promotion, qui ont le pouvoir dans le domaine, sont parfois la source des problèmes.

Une cabale est organisée par le ministre des Sports et de l’Education physique contre notre Fédération. Cette cabale existe parce que nous avons refusé de marcher comme ils veulent, c’est-à-dire, dans l’irrégularité. Marcher dans les détournements de fonds, le gonflement de budgets, la retro commission, bref, dans les choses sales qui n’encouragent pas l’évolution du sport, c’est tout. Nous avons refusé cela et le moment venu des élections, ces responsables du ministère de tutelle ont tout simplement organisé les conflits qui n’existaient pas au sein de la Fédération. Ils brandissent le problème de textes. On vous demande de revenir aux textes de 2013, alors que la loi de la République est passée en 2018 avec de nouvelles dispositions sur le sport. Nous avons heureusement mis nos textes à jour. Ces gens de la tutelle ont créé des pseudos présidents dont l’élection ne suit pas les canons. Et à cela, ils sont encouragés par le Comité national olympique et sportif qui donne des reconnaissances on ne sait sur quelle base, et transmet les documents à la Fédération internationale de volleyball. Nous avons décidé de rester du côté de la loi.

Cette situation terni l’image du volleyball camerounais…
C’est vrai. Nous avons saisi les juridictions compétentes et le verdict nous a donné gain de cause. Le juge de référé a suspendu ce faux processus électoral et nous attendons le juge de fond. Voilà l’atmosphère qui règne au sein de la Fédération camerounaise de volleyball. Nous sommes sur nos pieds, du côté de la légalité et de la vérité. Nous observons encore, mais les indices montrent que les plus hautes autorités de l’Etat savent ce qui se passe et vont nous accompagner à sortir de ce malencontreux problème qui terni une fois de plus l’image du volleyball camerounais.

A qui revient maintenant la légalité d’organiser une élection au sein de la Fédération camerounaise de volleyball ?

Les textes de la Fédération camerounaise et de la Fédération internationale sont clairs à ce sujet. C’est le président de la Fécavolley qui préside les consultations électorales. Les textes de la Fédération internationale de volleyball stipulent que le procès verbal des élections doit être signé par le président entrant et le président sortant. Il se peut que les gens aient été appelés au ministère des Sports et de l’Education physique à minuit, sur une convocation d’un individu autre que le président qui se dit être mandataire des 2/3 tiers, parce que les statuts prévoient que les 2/3 tiers peuvent convoquer une élection. Mais les statuts ne prévoient pas qu’une personne puisse convoquer à la place des 2/3 tiers.

Vous parlez de quels gens ?

Ceux qui se sont réunis nuitamment au ministère. Ils étaient au nombre de 18. Ils ont rempli la salle des non volleyeurs pour faire je crois 63 per- sonnes. Ils disaient qu’ils ont élu un certain Bello Bourdanne à la tête de la Fecavolley. Ça c’est des histoires, non seulement ils n’avaient pas la qualité pour convoquer une élection, mais en plus, ils n’avaient pas la qualité pour siéger à une élection. C’était une assemblée non autorisée par le sous préfet de Yaoundé 3. Après cela, on lui a fait signer une espèce « d’homologation » qui n’existe pas dans la loi du Cameroun. Puis, on a fait la reconnaissance du Comité national olympique et Sportif du Cameroun qui a écrit à la Fédération internationale de volleyball. La Fivba a reçu ce document parce qu’elle a cru que ces gens ont agi dans le droit. Le Comité national olympique et Sportif et le ministère de tutelle ont fait une validation partielle en attendant qu’on envoie les documents. Ces documents n’existent pas. Voilà le complot. Nous le dénonçons avec fermeté.

Nous disons que nous sommes dans un pays sérieux et il faudrait que les Camerounais appliquent le droit et la loi. Que les gens respectent les décisions de justice. Car en la matière, nous avons deux décisions qui font de nous ceux qui doivent gérer le volleyball à l’heure actuelle au Cameroun. Suite à ce scrutin, le certificat de conformité a été délivré par le ministre des Sports et de l’Education physique à Bello Bourdanne…
Je ne sais pas s’il faut juger le ministre. Mais ce que je peux dire c’est qu’il n’est pas dans son droit. C’est nous qui sommes du côté du droit. Il y a les éléments qui fondent l’illégalité de ce genre de processus électoral. Maintenant, lorsqu’un ministre de la République va contre la loi, contre les statuts, il reste à savoir pourquoi il agi ainsi ? C’est à lui de faire respecter la loi. Je ne vais pas juger le ministre. Mais je me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas. C’est à vous d’aller questionner le ministre et de nous dire ce qui justifie son attitude. Mais on réitère qu’il n’a pas respecté la loi.

Pourquoi les textes de 2013, modifiés par l’assemblée générale en 2018 restent une source de querelles en 2023 ?

Le plan mis en place par la tutelle consistait à retourner aux textes de 2013. Parce que dans leur esprit, le corps électoral de 2013 était plus favorable pour mettre en déroute le président que je suis. Mais malheureusement pour eux, même en allant en 2013, ils n’ont pas pu avoir les 2/3 tiers de signatures qui devraient convoquer l’assemblée générale qui a modifié leurs textes. Ils pensaient avoir ces 2/3 tiers de signatures. Mais aujourd’hui, ils continuent d’arpenter les régions, les conseils d’administration pour avoir les signatures pour pouvoir faire croire qu’ils ont convoqué légalement avec 2/3.

«Ils veulent 30 à 40% de notre budget à défaut, ils nous mettent les bâtons dans les roues ». Leur plan a échoué. Ils ont besoin d’un groupe « docile » pour mettre le président de la Fécavolley en difficulté au niveau du quitus financier, comme ils l’ont fait avec le président de la Fécahand. Malheureusement pour eux, nous ne jouons pas à ce jeu. Ils sont désorientés. Ils convoquent des éléments qui ne donnent pas. Je suis un homme à écarter parce que je refuse de jouer à un jeu de voyous. Dans ce milieu, lorsque vous refusez de jouer le jeu de voyou, ils fabriquent des gens pour vous mettre en difficulté, voilà mon problème avec ces gens là.

Les gens qui suivent cet imbroglio disent que vos ennuis avec la tutelle trouvent leurs sources à votre refus de gonfler le budget et des détournements…

C’est la loi du milieu. Quand vous êtes « docile », vous ne mettrez pas les moyens pour la production et la performance, mais vous mettrez ces moyens ailleurs, alors là, vous êtes amis ! Voilà pourquoi les autres fédérations ne gagnent pas les compétitions. Puisque, quand vous recevez 100 frs pour le budget de votre fédération, il faudrait que vous retourniez 30 à 40% de ce montant à la tutelle. Du coup, les enfants ne seront pas dans de bonnes conditions de rendement. Ils ne s’entrainent pas bien, ils ne sont pas bien logés, ils ne mangent pas bien, ils n’ont pas de primes. Vous voulez que les sportifs gagnent comment dans ce genre d’environnement ?

Fecavolley fait exception alors ?

Regardez nos résultats, ils sont éloquents parce que les enfants sont pris au sérieux. Quand on nous donne 100 frs, ces 100 frs vont à la performance. Les enfants sont logés, ils font de bons stages et les résultats sont là. Nous avons refusé de donner de l’argent à certains directeurs. En contre partie, nous recevons des emmerdements de toute nature. Le président de la République voudrait que nous soyons des gens qui travaillent avec la rigueur nécessaire dans un environnement sain. C’est ce que nous essayons de faire. Au lieu de nous féliciter et de nous encourager, on nous offre des ennuis !

De 2013 à 2023, où en est le volleyball au Cameroun ?
Nous avons pris la Fédération camerounaise de volleyball en charge en 2013. Lorsque nous sommes élus, le volleyball est de seconde zone, avec un championnat inconnu. Nous avons trouvé quelques lauriers internationaux glanés par nos prédécesseurs dans les années 1989, notamment deux coupes des nations chez les hommes et aucune coupe chez les dames. Le volleyball n’avait aucune structuration de jeu. Et seulement 12 à 16 clubs sur l’ensemble du territoire national. La Fecavolley présentait une petite somme de 15 millions de franc Cfa par an comme budget, sans aucun plan marketing. Dès lors que nous avons pris la Fécavolley, nous avons mis en branle notre projet intitulé : « la refondation ». Grâce à ce projet, nous avons réorganisé la Fédération avec la production du volleyball en rentrant dans les secteurs.

C’est cela votre bilan?

Il n’est pas du tout mince ! Notre premier objectif était de réorganiser la Fédération en quatre secteurs qui ont chacun des régions. Nous sommes allés de 102 licenciés à plus de 1600. Dans le cadre toujours de cette vulgarisation et sensibilisation ; nous pouvons nous dire aujourd’hui que le volleyball se joue dans tout le Cameroun. Nous sommes une association de droit privé mais nous exerçons une mission de service public. En matière de service public, il doit être égal pour tous les Camerounais. C’est pour cela que nous nous sommes efforcés à pro- mouvoir le volleyball sur tout le territoire national. Dans cette démarche nous avons engrangé de bons points parce qu’aujourd’hui vous voyez les équipes comme Yagoua volleyball, l’association des jeunes volleyeurs de Maroua, les équipes à Buea et Bamenda sont dynamiques.

Le deuxième objectif était la reforme des compétitions. Nous sommes partis du système de regroupement au système de championnats sectoriels. Parce que la pratique du volleyball a un coût. Ce système permet aux équipes des secteurs de jouer entre elles. Dans le système de championnats sectoriels nous avons Camtel volleyball final. Cela contribue à multiplier le nombre d’équipes. Nous avons aussi multiplié le nombre de matchs par 10. Ce qui fait que les détenteurs de clubs qui ne sont pas toujours les clubs de services publics ou entreprise publique peuvent facilement se déplacer à l’intérieur de leurs secteurs au lieu de partir par exemple de Maroua pour Yaoundé ça coûte beaucoup pour les clubs.

Le troisième objectif portait sur les compétitions internationales. Le bilan est largement satisfaisant. Nous avons aujourd’hui 10 équipes nationales, gagner des coupes d’Afrique des nations trois fois successivement chez les dames seniors et une chez les dames cadettes.

Plusieurs fois vice-champion d’Afrique chez les hommes, chez les juniors, filles comme garçons. Nos enfants ont eu l’insigne honneur d’être décorés par le Premier ministre, nous avons été faits Chevalier de l’Ordre et de Mérite sportif.

En fin, au plan marketing et de la promotion, nous avons mis sur pied un système de construction des gymnases. Nous avons un qui est opérationnel. Nous construisons trois autres à Yaoundé, Mbalmayo et Ngaoundéré.

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