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septembre 27, 2024

Le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun

Hier 25 novembre 2019. Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) est arrivé au siège de son parti à Odza, quartier de la périphérie sud de Yaoundé.

Il était 10h. Il affichait un air grave, identique à celui qui couvrait son visage lorsqu’il alla défendre devant le Conseil constitutionnel, « sa victoire » à l’élection présidentielle d’octobre 2018.

Pour cette circonstance, le président du Mrc était accompagné de Grégoire Jiogué et d’Alain Fogue. Ces deux – là font partie de son cercle politique restreint. Ils lui prodiguent des conseils; ils sont aussi ses oreilles et parfois sa bouche. Ils vantent leur proximité avec le président du Mrc, au point d’agacer et de frustrer la pyramide du parti. Le second des deux ne fait pas mystère de la confiance que lui témoigne le président du Mrc. Il se targue par moment que dans la préséance, il passe avant les vice-présidents du parti.

Maurice Kamto était devant le Directoire du Mrc. Jadis instance de réflexion et de décision. Le Directoire a été transformé pour la circonstance en « Commission nationale des investitures des candidats » pour les sélections législative et municipale. Le patron du Mrc prend la parole. Il distille critiques et récriminations. Il ne supporte pas que les décisions du Mrc en interne, atterrissent en quelques secondes dans les réseaux sociaux. Il accuse certains présidents régionaux d’avoir monnayé les investitures. Il menace : « Ceux qui ont posé ces actes immoraux, rembourseront jusqu’au dernier centime », fulmine t-il. Il égrène des griefs, tirés de son antienne :

1 – le Code électoral n’est pas toiletté;

2- le Conseil constitutionnel reste inféodé au pouvoir en place;

3- le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont des zones en guerre, sans droit, donc sans élections.

Face à cette situation, Maurice Kamto imperturbable et solennel annonce :

« Je vous donne la position du parti : le Mrc n’est pas là pour distribuer des postes aux politiques, mais pour le bien-être des Camerounais… Nous allons jeopérer le changement dans la paix… pour cela, le Mrc ne part pas aux élections… »

La vingtaine des délégués qui travaillaient dans la salle est tétanisée. Il n’y avait pas eu réunion préalable pour informer les délégués. Certains avaient voyagé depuis l’Extrême-nord.

Curiosités

En ouvrant les travaux, on avait constaté que le constant Alain Fogué avait curieusement choisi d’aller dispenser ses cours à Soa, arguant que s’il n’y va pas, le recteur le traiterait de « démissionnaire ».

Grégoire Jiogué avait tout simplement disparu. Bibou Nissack, le porte-parole du Mrc, après les déclarations de Kamto, il se confie à certains de ses camarades : « Je suis au courant de cela depuis une semaine : nous n’irons pas aux élections. Il fallait garder le secret …», révèle t-il .

Le tocsin de Maurice Kamto a sonné. Il a raisonné très fort. L’écho continue de porter le son. Les effets ne manqueront pas de se faire ressentir. Certains membres du Directoire du Mrc n’hésitent pas à parler « d’autocratie » au sein de leur parti. Les faits relatés plus haut font croire que Maurice Kamto n’a pas agi sur un coup de tête, même s’il n’avait pas consulté sa base, sa décision a été prise avec un comité très restreint des fidèles. Tiriane Noah, la 2ème vice-présidente qui a porté sur ses épaules le parti pendant les 9 mois de prison de Maurice Kamto, celle-là encore qui dirigeait les investitures avec habileté, elle a été tenue à l’écart du secret.

Reste maintenant le cas de millions de militants mobilisés pour provoquer un redessinage du paysage politique national. Ils seront démobilisés, peut-être même trahis.

Maurice Kamto a confié à ses camarades du Directoire : « Je peux convoquer un congrès extraordinaire du Mrc et annoncer ma démission…». Il estime qu’un parti qui critique, qui aspire à gouverner, devrait avoir un comportement différent de celui dont il condamne les agissements.

Un président de parti qui choisit cependant la politique de la chaise vide, sait ce que cela pourrait lui coûter. Quand il brandit par la même occasion l’épouvantail d’une probable démission, il pousse le bouchon encore loin.

Les Camerounais dans leur immense majorité, veulent vivre autre chose. Le Mrc semblait être à ce rendez-vous, sans autocratie ni chantage. Ce qui s’est passé à Odza le 25 novembre nous fait croire que Maurice Kamto a joué très gros, pour son parti et pour son avenir

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* Cet éditorial est du 26 novembre 2019. Nous avons prévu ce qui se passe maintenant : le Mrc n’aura pas de sénateurs. Il hypothéque sa présence à l’élection présidentielle de 2025.

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