juillet 25, 2024
Ce nom évoque celui d'un poisson le "Kanga". La ville a d’autres réalités : c’est un immense bassin de production du cacao de la Région du Centre.

Akonolinga et sa ceinture produisent chaque année 25 000 tonnes de cacao pour un chiffre en retombées financières par campagne de minimum 30 milliards de francs Cfa. Pour une population estimée à 21.500 habitants, arithmétiquement, il y aurait un revenu annuel par tête de 1.400 million de francs Cfa. La réalité est cependant aux antipodes de ces données de chimériques. Le cacao seul devrait donc faire de cette localité un oasis de prospérité dans le Centre.

Paradoxe

Akonolinga est l’une des villes les plus pauvres du pays. Les re- tombées financières issues de la commercialisation du cacao ne sont pas visibles. Elles n’améliorent pas le cadre de vie des habitants de cette localité. Eba A. Roger, chef d’entreprise, pro- ducteur et exportateur de cacao explique : « Les planteurs ont de quoi financer leur activité… Le phénomène de « coxage », un com- merce frauduleux des fèves de cacao, plombe les ventes régulières et réduit le revenu du planteur régulier… estime t-il.

Les pouvoirs publics encouragent les cacaoculteurs à se constituer en coopératives simplifiées et en fédérations. Ces formes de re- groupement constitueraient une force pour combattre les maux qui entravent la filière, autant qu’elle procurerait aux planteurs des avantages et autres dispositions pour leur encadrement.

On y retrouve aussi ici des minerais tels que le mercure, l’étain, l’or ou le diamant. Saint-Eloi Bidoung, homme politique, opérateur économique, natif de Mengang confirme : « En raison de sa position médiane entre les savanes du nord et les forêts du sud, Akonolinga apparaît comme une zone propice à l’élevage. Certains dignitaires du régime en place à Yaoundé importent des bovins de l’Adamaoua voisine pour bâtir des ranchs dans ce territoire. Le mercure découvert dans la zone, est aussi l’objet d’exploitation et des spéculations frauduleuses, au détriment des autochtones », estime t-il.

Plusieurs facteurs de dégradation limitent l’épanouissement économique et social d’Akonolinga. On observe ainsi ce paradoxe : une localité génère 30 milliards de francs Cfa des retombées de la vente du cacao, on se demande où cette manne est-elle régénérée ? Pour certains, elle est engloutie dans les plaisirs et les dépenses somptueuses : achat de grosses voitures, construction de villas à Yaoundé et à Douala, voyages de luxe à l’étranger… La ville n’a pas de véritable voirie aménagée. Les rues sont démodées. Akonolinga n’a ni industrie, ni grand commerce. Le petit commerce est constitué des vendeurs à la sauvette, de quelques petites échoppes et des débits de boisson. Ces activités sont pratiquées la plus part de temps par des allogènes.

Le kanga

Le fleuve Nyong alimente en poisson dans sa partie supérieure les habitants d’Akonolinga. L’Yhétérotis, (nom scientifique de ce poisson) est connu d’abord à Akonolinga et dans tout le Cameroun sous le nom de kanga. C’est le plus prisé dans la zone. Beyene Sébastien, pêcheur de longue date, confia dans un article publié le 29 juin 2016 sur le site Lavoixdupaysan.net sa version sur les origines du kanga à Akonolinga. Pour ce connaisseur réputé, «la présence du kanga dans les eaux du Nyong remonterait aux années 1958 ». Selon son récit dans cette presse spécialisée des sujets ruraux, « c’est une équipe des services des Eaux et Forêts qui aurait introduit des centaines d’alevins de kanga dans ce fleuve. Six ans plus tard, deux explorateurs pêcheurs venus de Mbalmayo, remontant le fleuve, montrèrent aux populations ce poisson capturé ».

Le bouillon de poisson kanga est le principal plat de la commune d’Akonolinga. Ce poisson fait partie des emblèmes de la mairie. Une statue du kanga est érigée au carrefour du même nom. Nnang François, principal ouvrier du pont sur le fleuve Nyong, bénéficie lui aussi d’une statue pour services rendus à la ville.
Le festival des Arts et de la Culture est organisé avec en articulation majeure, l’élection de « Miss kanga ». Un mythe répandu dans la ville voudrait que, « les femmes d’Akonolinga envoûteraient des hommes pour les tenir en leur faisant manger une tête de kanga ». Le kanga se reproduit deux fois par an. Il atteint 1,20m à 1,30m et peut peser entre 8 et 19kg. A Yaoundé, les principaux points de vente du kanga sont : la gare routière de Mimboman et le petit marché de Nkolndongo

Partager l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *