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décembre 2, 2024
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Tout se passe en République centrafricaine comme si la vie de la nation n’était réduite qu’à organiser des élections pour plaire aux Blancs qui nous aident financièrement. Réduite à contester les résultats des élections ; réduite à organiser des actions violentes à travers des mutineries, des groupes armés, des rébellions, des coups d’Etat.

La vie est réduite à organiser des dialogues politiques tous les deux ans ; à empêcher ceux qui sont sortis vainqueurs d’élections démocratiques, de gouverner le pays dans la paix pour mettre en œuvre leur projet de société sur la base de laquelle ils ont été élus. Nous sommes dans un éternel recommencement. Les exigences du développement sont ainsi renvoyées aux calendes grecques, et nous croyons que nous faisons de la démocratie, que nous sommes les meilleurs démocrates du monde. Erreur grossière !

Je pense à mon humble avis que les Centrafricains doivent concevoir une démocratie adaptée à leurs propres réalités socioculturelles, économiques, politiques et historiques. Ils doivent s’inspirer de l’exemple des pays asiatiques qui préfèrent donner une identité propre à leur démocratie.

Les Chinois parlent de « démocratie à la chinoise » qu’ils ont eux mêmes inventée et donnée un sens. Pour mémoire, la « démocratie à la chinoise », le propre modèle démocratique chinois, est très loin de la démocratie à l’occidentale. Leur modèle a été conçu et formulé sur la base des expériences politiques, économiques et sociales de plusieurs peuples étrangers. Des idéologies européennes et asiatiques articulées, à l’instar du communisme de Karl Marx, la pensée de Lénine, et de son histoire particulière, influencée par les religions et les philosophies comme le confucianisme, le taoïsme, les pensées révolutionnaires et progressistes de Sun Yat Sen, Mao Zedong, Deng Xiao Ping, Hu Jintao, Xi Jinping, etc. Voici les résultats obtenus par ce modèle original sous la direction éclairée du Parti communiste chinois :

● En 70 ans, la République populaire de Chine a rattrapé et dépassé l’Occident. La Chine est devenue la 2è puissance économique du monde ; son Pib en 2022 est de 30 000 milliards de dollars contre 25 000 milliards de dollars pour les USA et 19 000 milliards de dollars pour l’Union européenne ; elle a sorti plus d’un milliard de personnes de la pauvreté, ce qui représente 1/8 de la population mondiale, soit deux fois la population du G7 réuni.

● L’expérience chinoise a aidé plusieurs pays africains à moderniser leur système économique, éducatif, productif. Il les a placés sur la voie de l’émergence réelle : le Kenya, la Tanzanie, l’Ethiopie, la Zambie, le Rwanda, la Guinée, le Congo-Brazzaville (avec notamment la ville de Pointe-Noire comme Zone économique spéciale avec la mise en valeur de son gaz), pour ne citer que ceux-là. Toute coopération citée se fait dans le cadre de l’Initiative « La Nouvelle Route de la Soie et la Ceinture de la route », cette la nouvelle plateforme politique et économique suggérée par le président chinois Xi Jinping il y a de cela 10 ans et qui se veut la correction de la mondialisation sauvage occidentale.

« La Nouvelle Route de la Soie » est un programme et un cadre d’actions fondé sur la connectivité des pays et des régions à travers la réalisation des grandes infrastructures qui traversent des pays entiers et les rapprochent, l’amélioration des conditions et cadre de vie des populations (éducation et formation, santé, environnement) ; le respect mutuel entre les peuples et les Etats, sans esprit de domination, sans l’imposition des modèles politiques, économiques, idéologiques, culturels ou civilisationnels aux autres. C’est la fin du partenariat inégalitaire et inique. Le gagnant-gagnant est au centre de « La Route de la Soie » qui est en marche. Rien ne peut l’arrêter.

Le président Jacob Zuma, Xi Jinping et le président Robert Mugabe lors de la cérémonie d’ouverture de l’exposition China-Africa Equipment and Manufacturing. 04/12/2015 Kopano Tlape

Les faits qui fâchent
Comment ne pas être tenté par l’expérience chinoise ou s’en inspirer dans l’intérêt de notre peuple ? Je le dis en tant que témoin averti de l’histoire dont les affres me poussent à ne plus croire aux universaux de la démocratie à cause de ce que la France et ses alliés occidentaux ont fait de mon pays. Et voici quelques faits qui fâchent. On nous avait enjoints, lors du fameux sommet de La Baule (France-Afrique en juin 1990), de nous démocratiser pour recevoir leurs aides. Nous avons fait plus que ce que les Blancs nous ont demandés, mais nous n’avons pas reçu l’aide promise. Même pas les miettes ! Nous n’avons pas reçu l’aide devant accompagner la dévaluation du franc CFA en 1994, simplement parce que le chef d’État en exercice n’était pas celui voulu par les Français. Nous n’avons eu droit qu’à des mutineries, rébellions, gels des aides des PTF, puis coups d’État. Parce que les richesses de notre sol et de notre sous-sol qui aiguisent tous les appétits sont l’une des causes de notre malheur.

Le Niger nous parle
Au vu de ce qui précède et de notre actualité toujours brûlante, concevons une démocratie à la centrafricaine, celle qui va nous permettre d’exploiter et de gérer en toute souveraineté nos ressources naturelles dont les retombées doivent profiter au pays. C’est une perte de temps inutile que de vouloir à tout prix copier et mettre en place une démocratie à l’occidentale. Regardons le Niger : grand pays producteur d’uranium, l’électricité lui est paradoxalement fournie par son voisin le Nigeria qui vient de le sevrer de ce précieux moyen de survie à cause de la crise politique actuelle. Et pourtant, l’uranium nigérien fait la force de la France à travers Orano (Areva), le numéro 1 mondial du nucléaire. L’uranium du Niger ne profite donc pas aux Nigériens, mais à des pays étrangers. Notre uranium dort tranquillement sous terre à Bakouma, parce que les Français auraient réservé les gisements à leurs arrières petits-fils, sans notre consentement. Cela doit cesser !
Trop, c’est trop !

Le pétrole centrafricain doit couler avant fin 2024. L’uranium centrafricain doit être exploité pour fournir de l’électricité sur toute l’étendue du territoire à partir de 2025. Nous devons oser. Trop c’est trop. Le développement doit être le nouveau nom de la démocratie en Centrafrique. Dieu ne nous a pas donné toutes ces richesses pour que nous demeurions dans la pauvreté. Cessons de faire honte à Dieu le Père.

*Directeur de publication du quotidien Medias Plus (Bangui, RCA)

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